Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/364

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enfants ; le plus grand nombre étaient à Halifax même, prisonniers, ou sous l’œil des autorités ; ils n’avaient ni argent, ni armes, ni moyens de s’en procurer, l’eussent-ils désiré. Sous de telles circonstances, leur unique objet ne pouvait être que de vivre en paix pour s’épargner de nouveaux malheurs. Nous le demandons à tout homme capable d’un peu de réflexion : avait-on pu, raisonnablement et de bonne foi, exprimer la crainte que leur présence ne nuisit à la tranquillité du pays ? Poser une telle question c’est la résoudre, et nous ne ferons pas à nos lecteurs l’injure de croire qu’il faille insister davantage sur un point aussi évident. Mais alors, si les autorités ne pouvaient être de bonne foi, elles agissaient donc d’après un motif intéressé ? oui ! et ce motif est celui que nous avons essayé de démontrer.

À la vérité, les Acadiens étaient mécontents et très-mécontents. Ils ne comprenaient rien à cette persécution à outrance, qui les poursuivait, et s’acharnait à eux, comme des corbeaux à un cadavre. Oui ! mécontents ils l’étaient, et le devenaient de plus en plus. Ils supportèrent longtemps leur position avec courage, espérant que les circonstances amèneraient les autorités à ralentir leurs persécutions ; mais lorsqu’ils se virent déportés de nouveau, lorsqu’ils virent la paix définitive conclue, et rien encore ne venant pour leur assurer un état stable et mettre fin à leurs maux, ils se récrièrent avec force, déclarant qu’ils ne prêteraient point serment d’allégeance ; qu’ils voulaient quitter le pays et redevenir sujets français. Eux qui avaient tant désiré revoir leur chère Acadie, n’avaient maintenant plus d’autre souci que d’en sortir au plus vite. Wilmot avait atteint son but par ce moyen détourné.

Mais retournons quelque peu en arrière, pour saisir com-