Aller au contenu

Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/376

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ne serait-il pas permis de croire, que le Gouvernement anglais était alors pleinement informé du sort injuste fait aux Acadiens, et des motifs qui avaient inspiré leurs persécuteurs ? Ces expressions si touchantes de tendresse et de sollicitude, de la part de Lord Hillsborough, nous semblent, sans cette interprétation, sortir du cours ordinaire de ces communications. La conclusion qui dérive de ce fait, peut ne pas être rigoureuse sans doute, mais nous j sommes amenés par d’autres raisons plus puissantes et fort nombreuses. Nous savons par une foule de circonstances, dont quelques-unes ont été données autre part dans cet ouvrage, que la condamnation de la déportation devint à peu près générale à partir de la paix de 1763. Nous savons que, même au temps de Lawrence, le blâme des citoyens d’Halifax était assez prononcé pour inquiéter son auteur, au point de le déterminer à s’en ouvrir à son complice Boscawen. Pour un homme de son audace, qui dans le temps même faisait voir de mille manières le mépris qu’il entretenait pour l’opinion de ses administrés, le fait est d’une haute signification.

Tant que la guerre dura, le monde civilisé n’eut pas le loisir d’entrer dans les causes et les incidents de cette déportation ; mais il en fut autrement lorsque le calme se fit dans les esprits, après la paix de 1763. Le public, témoin des souffrances de ces exilés, de leurs transmigrations, de leurs vains efforts pour retrouver des parents perdus, pour retrouver l’ancienne patrie ou s’en faire une nouvelle, s’émut et s’intéressa à leur sort. Jetés en tous lieux, le monde civilisé put être témoin de la douceur et de la pureté de leurs mœurs, de leurs habitudes paisibles et laborieuses. En présence de cette dislocation des familles, on put voir claire-