Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/392

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Pendant longtemps, on ne permit qu’un seul prêtre dans toute l’étendue de la Nouvelle-Écosse ; mais en 1777, comme les Sauvages de la rivière St-Jean, travaillés par des émissaires du Congrès, menaçaient de se soulever dans les intérêts des Provinces rebelles, le gouverneur Arbuthnot s’adressa au gouverneur du Canada, le priant d’envoyer un prêtre parmi ces sauvages dans le but de les garder fidèles au gouvernement anglais. Ce qui fut fait, et l’abbé Bourg, lui-même Acadien, s’appliqua avec succès à cette tâche, de concert avec l’ex-gouverneur Franklin, devenu Commissaire des Indiens. Ce ne fut cependant que vers 1793, alors que beaucoup de prêtres fuyaient la France en révolution, que l’on permit l’entrée de la Province à plusieurs de ces fugitifs. À partir de ce moment tout obstacle cessa.

Il restait cependant une autre entrave à la liberté des Acadiens, et cette crise se perpétua jusqu’à 1827. Le serment du Test les excluait de toutes les charges publiques. Haliburton, secondé par M. Uniacke, entreprit de faire tomber cette dernière chaîne. « Le discours qu’il prononça à cette occasion, dit Murdoch, est le plus magnifique morceau d’éloquence qu’il m’ait jamais été donné d’entendre[1]. » L’assemblée, électrisée par ce discours magistral, vota à l’unanimité la loi qui faisait des Acadiens un peuple libre. Nous passerons par dessus le récit émouvant de leurs malheurs et l’éloge remarquable qu’il fit de la pureté de leurs mœurs, pour ne citer que la dernière partie de sa péroraison, laquelle peint éloquemment le caractère élevé de cet homme :

  1. Vol III, ch. XLI. P. 577. — Ceci, comme tout l’extrait du célèbre discours d’Haliburton, est emprunté à Casgrain, p.302 et seq.