Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/413

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fructueuse que si ce progrès émanait d’un élément libéral ou radical. Malgré sa lenteur, son caractère immuable et l’apparente rigidité de ses principes, le catholicisme n’est pas sans se prêter aux évolutions que comporte la vie de l’humanité, et, comme le disait tout récemment un éminent orateur catholique, le comte Albert de Mun : « Le Pape Léon XIII s’est posé carrément au premier rang de la démocratie[1]. » Chaque élément contribue sa part au progrès général. Quelques années de plus ou de moins ne sauraient affecter le résultat, et comptent pour peu de chose dans la longue série des siècles. Il nous suffit que, dans l’ensemble, l’humanité ne soit pas trop violemment poussée de l’avant ou jetée en arrière, pour que nous nous accommodions sans récriminations violentes des résultats obtenus.

Aujourd’hui, des actes de cruauté comme ceux que nous avons signalés dans cet ouvrage ne seraient plus possibles, Dès le premier mouvement d’un nouveau Lawrence, le cri de douleur qui s’échapperait de la poitrine des témoins de son forfait, se répercuterait en un instant aux quatre coins du monde civilisé.

Instruits par l’expérience à l’école du malheur, comprenons, nous, les fils de ces infortunés Acadiens, qu’il convient de vouer nos efforts à la noble cause de l’éducation ; entrons résolument dans la voie du progrès, qui nous assurera une place honorable au milieu des populations avec lesquelles nous sommes appelés à vivre. Soyons amis de l’ordre, aimons notre pays, vivons en paix et en harmonie avec nos compatriotes d’une autre origine, mais, par des-

  1. Cf. Discours et Écrits d’Albert de Mun (Paris, Poussielgue, 1905,) Tome V, p. 42 et seq., et le Discours prononcé à Lille, le 6 juin 1892, devant les Associations Catholiques de Jeunes Gens de la Région du Nord, p. 178 et seq.