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tobre de cette même année, François Richard convolait en secondes noces, avec Marie Martin, fille de René et de Marie Menier.

Un Richard qui mérite une mention spéciale dans ces notes, c’est le vieux René, marié vers 1710 à Marguerite Thériot et enterré à Bécancourt le 26 déc. 1776. Son acte de sépulture porte qu’il était âgé de 97 ans !… Évidemment il y a ici une erreur de près de dix ans ; car à ce compte-là il serait né en 1679 et il faudrait en faire le fils de Michel Richard I et de Madeleine Blanchard.

Les statistiques données plus haut en font le petit-fils de Michel I, par René et Madeleine Landry. Or celui-ci n’était pas encore marié en 1679, et au recensement de 1686, il n’est pas encore question de son fils René. On voit apparaître celui-ci sur la scène en 1714. Alors il est marié, père de deux enfants et il réside aux Mines.

Cependant, de 1730 à 1753, nous le retrouvons à Port Royal, mariant successivement six de ses enfants.

Mais où demeurait-il quand arriva le « grand dérangement » ? C’est ce qu’il n’est pas facile de déterminer. Il y a de fortes présomptions pour croire que c’était à Port Royal, puisqu’il y était encore le 29 novembre 1753, lors du mariage de son fils, Charles. Cependant comme il est venu finalement partager le sort de la famille de Joseph, on peut présumer qu’il demeurait chez celui-ci en l’année funeste. Or, j’ai déjà eu occasion d’observer que Joseph, marié à Port Royal en 1743, n’avait fait baptiser aucun de ses enfants à cet endroit, et, qu’en conséquence après son mariage, il avait dû aller demeurer, soit aux Mines, soit à Beaubassin.

Je conjecture que ce fut plutôt aux Mines, pour plusieurs raisons : 1o parce que son père y avait des propriétés ; 2o parce que parmi les déportés des Mines, j’en trouve deux qui répondent à son propre nom et à celui de son frère ; 3o parce que en 1768, je retrouve ce frère, René, à Pigiquid, cherchant sans doute à recouvrer son ancienne propriété.

Maintenant la conclusion qui s’impose à de telles prémisses, c’est ce que Joseph Richard et son père René, subirent la déportation dans ce qu’elle eut de plus odieux et de plus inhumain, c’est-à-dire dans la séparation des membres d’une même famille, tel que le rapporte l’histoire pour les malheureux exportés des Mines.

Cependant Joseph Richard vint mourir avec trois de ses enfants, sous les murs de Québec en 1757 ; il avait donc réussi à se joindre aux Acadiens de la Rivière St-Jean que protégeaient les soldats de M. de Boishébert.

Mais il n’en fut pas de même du vieux René. Aux alarmes et aux cruelles séparations de l’automne de 1755, vinrent s’ajouter les ennuis et les profondes misères de l’exil ; c’est à Boston qu’il fut déporté avec sa femme et une fille. Son gendre Paul Leblanc et son fils Charles Richard furent aussi déportés au Massachusetts ; mais qui sait s’ils ont pu se rencontrer et se porter aide et assistance ? car les Acadiens furent dispersés et disséminés dans toutes les localités de l’État ; de Newburyport à Plymouth, et de Boston à Worcester ! Si