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Majesté a donné instruction aux lords de l’amirauté de charger les commissaires des marins malades et blessés d’en prendre soin. »

Ces Acadiens furent envoyés à Liverpool, à Southampton, à Bristol et à Penryn et traités comme prisonniers jusqu’au printemps de 1763, alors que les démarches du duc de Nivernois eurent pour effet de les faire transférer à Saint-Malo et à Morlaix.

En 1765, des terres furent concédées à Belle-Isle-en Mer dans le département du Morbihan, à 78 familles presque toutes venues d’Angleterre. En 1767, ces familles furent requises de faire devant une commission des dépositions assermentées afin de retracer leur origine et leur filiation. L’abbé Le Loutre, ancien missionnaire des Micmacs, était présent lors de ces dépositions, et après avoir entendu les déclarations des chefs de famille, établis dans les quatre paroisses de Belle-Isle-en-Mer, il fit la déclaration suivante : « Déclaration de M. l’abbé Le Loutre, ancien vicaire général du diocèse de Québec en Canada. Du douze mars mil sept cent soixante-sept, a le dit messire Le Loutre déclaré que les Acadiens placés en cette isle ont été transportés par les Anglois à Boston et autres colonies angloises au mois d’octobre mil sept cent cinquante-cinq ; que des colonies ils ont été transférés dans la vieille Angleterre et dispersés en divers endroits du royaume dans le courant de l’année mil sept cent cinquante-six ; qu’en mil sept cent soixante-trois après le traité de paix ils ont été transportés en France par les Gabarres du roy et placés en divers ports de mer. Et qu’en mil sept cent soixante-cinq dans le courant du mois d’octobre ils ont passé en cette isle par ordre de Monseigneur le Duc de Choiseul, Ministre de la Marine. Ce qu’il a affirmé véritable et a signé après lecture le dit mois et an que devant.

« Signé : J. L. Le Loutre ptre miss. »


La déportation de 1755 eut pour effet de démembrer les familles acadiennes et de les disperser aux quatre coins du monde. Suivre la trace de ces familles dans leurs déplacements n’est certes pas une tâche facile, et il n’est pas possible de dresser des généalogies complètes avant d’avoir découvert les documents qui font défaut.

Je ne me suis pas proposé d’apprécier dans ce travail les circonstances dans lesquelles l’expulsion eut lieu, mais de placer sous les yeux de celui qui s’intéresse à l’histoire, une série de documents, la plupart inédits, rassemblés au prix de persévérantes recherches et qui éclairent d’un jour nouveau l’histoire de ce malheureux peuple, surtout après son bannissement du pays natal

Quelques-uns de ces documents sont antérieurs à l’expulsion, d’autres ont trait à cette époque et quelques-uns sont extraits du Journal de Winslow. Ce journal a déjà été publié dans les Collections de la Société historique de la Nouvelle-Écosse, mais ces volumes sont rares aujourd’hui. Pour cette raison, j’ai cru devoir insérer dans cet ouvrage, de nombreux extraits de ce journal, afin de faire le récit de l’expulsion d’après les données de ceux qui ont exécuté