Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/457

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[ 445 ]

À ce sujet, il faut se rappeler que plusieurs familles s’étaient réfugiées dans les bois où elles se tenaient cachées. Le document ci-après fait voir les moyens auxquels on avait recours pour s’emparer des Acadiens ; il fut rédigé par le lieutenant Cox qui remplaça Murray au fort Édouard au commencement de novembre, et se lit comme suit :

« D’autant que certains des habitants des départements de Pisiquid, des villages Landry, Forêt, Babin, etc., se sont absentés de leurs habitations dans la crainte que le gouvernement de sa Majesté ne leur veuille mal, et soit dans l’intention de les punir de leur témérité et désobéissance aux ordres de son Excellence le gouverneur : Je déclare au nom et de par Sa Majesté le roi de la Grande-Bretagne, que si les dits habitants réfugiés se rendent et se soumettent aux ordres de Sa Majesté, qui n’est rien autre que de les embarquer et les consigner aux colonies de Sa Majesté Très Chrétienne, ils seront reçus et bien traités ; au contraire, s’ils s’obstinent à rester dans leur retraite, ils seront traités comme des rebelles ils doivent s’attendre au châtiment le plus sévère. Et comme il y a à la Grand’Praye nombre suffisants, je promets aux habitants qui se rendront icy sous trois jours qu’ils seront immédiatement envoyés joindre les dits habitants de la Grand’Praye, pour vivre et être embarqués avec eux, sitôt que les transports pour cet effets seront arrivés. Donné au Fort Édouard ce douzième de novembre, l’an 1755. »

Aucun document ne démontre que les Acadiens tombèrent dans le piège tendu par la déclaration ci-dessus.

Pour expliquer le chiffre de « 1,100 » dont il est fait mention, il est raisonnable de supposer que plusieurs Acadiens du district de Piziquid furent embarqués à la rivière des Gaspareaux, sur quelques-uns des transports que Winslow avait déjà remplis avec les Acadiens de ses districts.

Il a été constaté déjà que trois des sept transports arrivés au bassin des Mines le 10 octobre, reçurent l’ordre de se rendre au fort Édouard.

Outre les quatre autres, à savoir : le Hannah, le Sally and Molly, le Prosperous et le Swan, Winslow avait encore à sa disposition pour transporter son monde, l’Indeavour, l’Industry, le Mary, l’Elizabeth et le Leopard. Il faut se rappeler que le 10 septembre, 141 jeunes gens et 89 hommes mariés furent embarqués sur ces vaisseaux et que plus tard 100 autres Acadiens furent ajoutés à ce nombre.

Après avoir reçu de Lawrence la promesse que les transports qui se trouvaient à Annapolis seraient envoyés au bassin des Mines, Winslow commença ses préparatifs pour embarquer les Acadiens. Dans son journal se trouve la note suivante en date du 6 octobre : « Sur l’avis de mes capitaines, il a été fait une division de la population de chaque village, et il a été décidé que les habitants d’un même village seraient embarqués sur le même transport autant que possible, afin que les membres d’une même famille soient déportés ensemble. J’ai ensuite donné ordre aux familles de se préparer à embarquer avec leurs effets, etc., mais malgré cela je n’ai pu les convaincre que j’étais sérieux.