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8 octobre. — « On a commencé à embarquer les habitants qui partirent à regret et malgré eux. Les femmes très affligées portaient leurs nouveaux-nés dans leurs bras et d’autres traînaient dans des charrettes leurs parents infirmes et leurs effets. En somme, ce fut une scène où la confusion se mêlait au désespoir et à la désolation. Quatre-vingts familles ont été embarquées sur les vaisseaux des capitaines Church et Milburry.

9 octobre. — « À l’arrivée des autres transports, les hommes qui avaient été mis à bord des trois premiers vaisseaux, furent débarqués pour leur permettre de se réunir à leurs familles. »

Ces deux citations du journal de Winslow démontrent que le 8 octobre, 80 familles furent embarquées sur le Leopard et l’Elisabeth qui se trouvaient dans le bassin des Mines depuis le commencement de septembre, et que les hommes qui avaient été mis à bord des trois premiers transports furent débarqués. Il faut donc conclure que 330 personnes se trouvaient sur les trois transports Indeavour, Industry et Mary, arrivés de Boston le 30 août et dont il a été question précédemment, et que les hommes mariés ou non mariés qui avaient été embarqués sur le Leopard et l’Elisabeth, ont été transférés depuis le 10 septembre.

Dans une lettre à Lawrence, en date du 11 octobre, Winslow dit : « Nous avons rempli deux transports qui sont pourvus des choses nécessaires. » C’étaient le Léopard et l’Elizabeth auxquels Winslow donna ordre le 13 de mettre à la voile, comme il est démontré par les extraits du journal de Winslow qui forment l’appendice B. Il est fait mention dans les instructions au Capitaine Church que cent soixante-quatorze personnes qui font partie des habitants français de la Nouvelle-Écosse, ont été embarquées sur la goélette Léopard, et il est ordonné au capitaine de transporter ses « passagers » au Maryland. Dans une liste provenant de Winslow qui indique les noms des navires, leur destination et le nombre de déportés sur chaque transport, il est démontré que 178 personnes ont été mises à bord du Léopard, et ce chiffre doit être exact. L’Elizabeth avec 186 déportés avait reçu ordre aussi de se rendre au Maryland. Il est dit dans un autre document que 242 déportés se trouvaient sur l’Elizabeth ; or d’après cette version 56 autres personnes auraient été embarquées après le 13 octobre. Il s’en suit que 420 Acadiens, tous du village de la Grand-Prée, ont été déportés sur ces deux transports. Le reste des habitants de ce village et ceux de la rivière des Gaspareaux qui formaient un total de 462 personnes, furent embarqués comme suit ; 168 sur le Swan, 140 sur le Hannah, et 154 sur le Sally and Molly. Ce dernier chiffre ajouté à celui de 420, démontre que 882 personnes ont été déportées du village de la Grand-Prée et de la rivière des Gaspareaux. Le Swan et le Hannah transportèrent leurs cargaisons humaines à Philadelphie et le Sally and Molly prit la route de la Virginie.

Le 19 octobre, les quatre transports restés au bassin des Mines remontèrent la rivière de ce nom (aujourd’hui Cornwallis) jusqu’à la « Pointe des Bou-