Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

haut cette petite difficulté coloniale, du moins se laissant involontairement tromper par leurs mandataires, incapables, de si loin, de pénétrer le fond des choses, ouvrant enfin les yeux après des années et des années d’inconscient aveuglement, intervenant à la dernière heure, dans la personne de Thomas Robinson, Secrétaire d’État, pour empêcher la perpétration du forfait, quand il était trop tard, hélas ! ; — de l’autre, des gouverneurs sans entrailles, un William Shirley, de son siège de Boston, un Cornwallis, surtout un Lawrence, qui, de longue main, trament ce plan d’exil des Acadiens, s’entendent pour que la Métropole n’en sache rien, bernent leurs supérieurs hiérarchiques, agissent comme des potentats, méprisent même les ordres si sages qui leur viennent d’outre-mer. Et quand Lawrence, exécuteur de ce crime, s’en ouvrira à Londres, tout aura été consommé.

Le tableau que nous venons de dresser résume la thèse capitale de l’auteur d’Acadie concernant le partage des responsabilités dans l’affaire de la Déportation. À l’apparition de son ouvrage, la presse anglaise et française du Canada, comme aussi bien journaux et revues d’Angleterre naturellement ! — ont accepté sans plus ses conclusions là-dessus. Après tout, comme dirait l’autre, ou on est loyaliste ou on ne l’est pas. Et si on l’est… ! Aux États-Unis, le paradoxe sur lequel cette thèse reposait fut clairement saisi par quelques critiques. On nous permettra d’en apporter ici des preuves. Ainsi, le 11 janvier 1896, le New York Times consacrait à l’ouvrage une longue critique qui finissait ainsi : «  Mr. Richard evidently considers what he has to say on the question of responsibility as the most important part of his work. He puts the blame for the expatriation of the Acadians upon Gov. Lawrence, and insists that he has proved that Governor Lawrence must bear the full responsibility of his cruel edicts. He is satisfied, he says, that the Home Government did not authorize Lawrence’s action, was not advised that it was to be taken, and did not approve it when it was all over. — We do not regard Mr. Richard’s proof as conclusive on this point. There is documentary évidence of which he makes use in his book which indicates that England, for years, — in fact, throughout the captivity of the Acadians, — wanted to be rid of the colony ; there is no evidence that England cared a rap what might happen to the Acadians ; last, but not least, there is no evidence that England ever did anything to ameliorate the conditions of those who had been exiled, or performed the slightest act of réparation toward those who had been wronged most inhumanly. We cannot fall in with Mr. Richard’s judgment. England was responsible for the explosion of the Acadians and must wear the shame of it. » — Ainsi, l’auteur de cette étude sérieuse s’est donné la peine de recenser tout l’ouvrage, et il trouve, avec beaucoup de raison, que les documents mêmes que Richard apporte, loin de prouver sa thèse, l’infirment et disent tout le contraire : l’on avouera que ce n’est pas là, pour l’auteur d’Acadie, une démonstration que l’on peut appeler réussie. — Dans le Midland Magazine d’avril 1896, nous lisons ceci : « Mr. Richard generously acquits the Home Government of all part or lot in