Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/77

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ne reçut de son général des ordres peu favorables aux missionnaires, qu’il seroit obligé d’exécuter contre moy-même, et puisqu’on lui commandoit d’embarquer les habitans que le seul parti qui me restoit étoit de me retirer, que je resterai encore au pais sous son bon plaisir s’il recevoit un contre-ordre pour les habitans.

« A une autre lettre où il me pressoit encore de bannir toute défiance et de me rendre au fort, je lui répondis que je me souvenois que monsieur Maillard avoit été embarqué malgré une assurance positive d’un gouverneur anglois, et que j’estimois mieux me retirer que de m’exposer en aucune manière. »

Murray, à Pigiguit, s’acquitta de sa tâche avec un succès à peu près égal à celui qu’avait remporté Winslow à Grand-Pré. Les habitants ne s’y soumirent pas à la proclamation avec autant d’unanimité, dès la première heure ; mais tous finirent par se rendre aux ordres donnés sans opposer de résistance. Le soir même de la convocation, il en rendait compte à son chef dans les termes que voici :


« Fort Edouard, 5 septembre 1755.


« Cher Monsieur,

« J’ai enfin réussi, et j’ai appréhendé 183 hommes. Je pense que bien peu ont échappé, si ce n’est les malades. Et j’espère que vous avez été aussi chanceux. Je serais heureux que vous dépêchiez ici des transports aussi tôt que possible, car vous savez que notre fort n’est pas grand. Je vous serais également obligé si vous pouviez m’envoyer un officier et trente hommes de plus, car j’aurai à faire opérer