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faire de ce volume d’archives un arsenal commode et facile où les écrivains viendraient chercher des armes pour accabler des victimes sans défense.

En matière d’histoire, toute opinion plausible, qu’elle soit ou non le résultat des travers de l’esprit ou du cœur, mérite une certaine indulgence, et Akins pouvait fort bien entretenir les opinions qu’il émet dans sa préface. Mais il nous est permis de trouver étrange qu’il passe condamnation sur les écrivains de tout un siècle, y compris ceux qui furent contemporains des événements dont ils ont parlé. Et nous ne pouvons nous empêcher non plus de regarder comme malséante l’expression d’idées toutes personnelles au seuil d’un ouvrage de pure compilation. Dans l’esprit des législateurs qui l’avaient commandée, cette compilation devait être objective et menée avec la plus rigoureuse impartialité : autrement, elle ne répondait plus à l’intention qui l’avait inspirée. Il eut été, sûrement, plus habile, de la part de Akins, de garder le silence sur ses sentiments intimes. En les énonçant, au contraire, ouvertement, il a commis la maladresse qu’il devait le plus redouter : celle de nous mettre en garde contre une partialité possible et des procédés tendancieux. Pouvions-nous supposer libre de tout préjugé un homme qui prenait carrément parti contre nous ? N’avions-nous pas quelque raison de soupçonner sa probité, et de croire qu’il n’était peut-être pas un guide sûr à travers les archives quand nous le voyions s’y engager avec des idées nettement préconçues ? Aussi bien, nos soupçons à son sujet n’étaient que trop fondés. L’étude que nous avons faite de ses méthodes, la comparaison que nous avons établie entre les documents qu’il a publiés et les sources originales ont confirmé de façon éclatante nos justes appréhensions : Akins, et c’est la conclusion de notre enquête, a montré une par-