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sur toutes les plages du Nouveau Monde, nous disperserons vos débris au vent de l’exil ! » — Telle était la perspective qui s’ouvrait devant les yeux des pauvres Acadiens, et l’événement n’a que trop montré tout ce qu’elle avait de réel.

Il fallait être gens paisibles comme ils l’étaient pour se soumettre à de si criantes injustices. Ces habitants pouvaient mettre sur pieds six fois plus de combattants que n’en comptait la garnison d’Annapolis, et c’était bien là ce que redoutait Philipps, ainsi qu’on l’a vu. La détermination des Acadiens avait jeté le gouverneur dans une grande perplexité. Dans sa lettre au Secrétaire Craggs, que nous venons de citer, il disait expressément : « Pour gagner du temps et éviter toute perturbation jusqu’à ce que j’aie reçu de vous d’autres ordres m’enjoignant de quelle manière agir, j’ai cru qu’il importait au bon service de Sa Majesté de renvoyer dans leurs foyers les députés (des Mines) avec des paroles de conciliation et la promesse de prolonger le délai qui avait été d’abord fixé : ce qui me permettait d’exposer, entre temps, le cas à votre Excellence et d’attendre les nouvelles instructions qu’il plairait à Sa Majesté de me signifier. »

Et il termine sa longue épître par ces mots : « Au moment où j’écris, les députés envoyés par les habitants de cette rivière qui avaient, contre mes ordres, commencé à tracer un chemin pour se mettre en communication avec les Mines, m’ont apporté un acte de soumission signé collectivement, duquel vous trouverez copie ci-jointe, en sorte que je ne désespère pas de maintenir parmi eux l’autorité du gouvernement et de les amener à obéir : ils affirment qu’ils sont prêts à s’engager à devenir de bons sujets à tous égards, exception faite de l’obligation de prendre les armes