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sons pas un crime à Richard de s’être abondamment servi des « imprimés ». Je me rappelle avec quel accent presque ridicule l’un de nos « historiens » nous jeta un jour ce mot : « Vous savez, moi, je ne travaille que sur l’inédit. » Mais, ce serait le lieu de répéter avec Brunetière : « Ce qui m’inquiète, c’est quand je vois l’école historique nouvelle si familière avec les manuscrits, mais si fort brouillée avec les imprimés[1]. » Les imprimés peuvent avoir du bon, surtout si, comme pour ce qui regarde la Collection de Documents inédits sur l’Acadie, publiée en mil huit cent quatre-vingt-neuf, personne n’a encore fait usage de ces trésors ni ne les a mis en œuvre. Édouard Richard, — c’est là son grand mérite, — aura été le premier à disposer en corps d’édifice ces moëllons informes, et, de la compilation de Akins aussi bien que de celle dont je viens de parler, à construire un ensemble harmonieux et fort, où l’un se complète et se corrige par l’autre. L’architecte ne crée pas les pierres avec lesquelles l’on réalisera son plan. En a-t-il pour cela moins de gloire, si ce plan même est bien conçu, s’il a les lignes majestueuses, les justes proportions, et qu’il en sorte un monument où l’élégance s’allie à la solidité ? Que l’on n’oublie pas d’ailleurs que l’auteur d’Acadie, tout en écrivant l’histoire, faisait un plaidoyer, qu’il était, par ses pères, partie dans la cause débattue, que la voix, les souffrances imméritées, le sang outragé de ses ancêtres, demandaient, en lui et par lui,

  1. Bossuet — avec préface de Victor Giraud. Ch. IV. La Querelle du Quiétisme, p. 97. (Paris, Librairie Hachette, 1913).