Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome I, 1916.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[ XXV ]

justice et réparation. Or, un plaidoyer suppose connus les arguments de ceux contre qui l’on plaide. Pour les réfuter, il faut que ces arguments existent, que l’opinion les ait admis et reconnus. Dans tout procès, l’on raisonne contre un adversaire ; et le triomphe est à celui qui prend l’adversaire en défaut, qui le met en contradiction avec lui-même, qui détruit l’échafaudage de ses preuves, montre l’inanité de ses prétentions, ruine ses sophismes, l’accable sous la honte d’avoir sciemment tronqué ou falsifié les textes, suborné les témoins, étouffé la vérité. Oui, Édouard Richard, s’est fait l’avocat de la grande cause acadienne ; il l’a plaidée magistralement et victorieusement ; il l’a plaidée à coups de documents, en interprétant ces documents comme personne ne l’avait encore fait, en y portant un regard avide de lumière et de vérité ; en en faisant ce que j’appellerai la « critique interne », en complétant, par des renseignements puisés à d’autres sources, les pièces tendancieuses, et uniquement accusatrices, entassées par maître Akins, en particulier, et revêtues de la sanction officielle. De ses comparaisons, de ses discussions, de ses méditations, de ses confrontations de témoignages, a jailli cet ouvrage, qui porte une clarté vengeresse et définitive dans les profondeurs et les mystères d’un débat qui est désormais clos. Le verdict est prononcé. Le jugement de Richard est le jugement de l’histoire. La postérité l’a déjà ratifié. Haliburton avait écrit : « Je distingue une immense canaillerie dans cette affaire ; rien ne justifie la déportation des Acadiens d’après les pièces qui sont restées. » Et, comme a dit M. Benjamin