Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome I, 1916.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[ XXVI ]

Sulte, dans la belle étude qu’il a consacrée à Acadia : « Il régnait un mystère dans le narré des faits. Il y avait donc place pour un ouvrage donnant la clef de ce mystère. Édouard Richard s’est donné la mission de le découvrir, et il a trouvé ce qu’il cherchait… Les criminels sont désormais connus, marqués, et le dernier d’entre eux, Parkman, ne sera pas le moins notoire[1]. »

Et donc, si nous nous plaçons au vrai point de vue de ce que l’auteur d’Acadie avait à faire, il serait insensé de la blâmer de n’avoir pas pris pour guides les seuls documents inédits. Il serait tout aussi inéquitable de lui reprocher l’accent de passion qui vibre tout au long de son œuvre. L’impartialité est-elle l’indifférence ? Pour être juste et intègre, faut-il nécessairement que l’historien soit froid et apathique à l’égard des matières qu’il traite ? Les critiques qui ont blâmé chez Richard son ton de justicier, ont confondu les notions essentielles. Si parva licet componere magnis, quel est le chrétien, le penseur qui peut parler sans frémissement d’indignation des iniquités légales du procès fait à Notre-Seigneur Jésus-Christ ? L’indignation qui le secoue, devant les abîmes d’horreur de ce drame, l’empêche-t-elle d’en suivre les phases, d’en apprécier l’issue avec un libre jugement ? Comme le rôle de l’historien serait ingrat s’il lui était défendu de se laisser affecter par ce que son sujet peut avoir de douloureux et de tragique ! Dans l’historien, il y a l’homme ; et le charme de son œuvre sera d’autant

  1. Cette étude avait paru en trois articles dans le Monde Illustré de Montréal.