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l’affaire du serment avait été nécessairement discutée sous tous ses aspects, avant son départ ; l’on ne pouvait plus espérer, après tant de tentatives infructueuses, que les Acadiens prêteraient un serment dans lequel la clause susdite ne serait pas incluse. Philipps avait dû être stylé en conséquence par qui de droit ; et il apportait sûrement une solution toute préparée au problème épineux qui jusque-là avait tenu en échec les plus habiles comme les plus rusés négociateurs : et cette solution consistait sans doute à convenir verbalement avec les Acadiens qu’ils seraient exempts de porter les armes. Une promesse écrite, annexée au serment, eût été, dans la pensée des autorités, une capitulation honteuse ; elle eut constitué une dérogation à la dignité de la couronne. Tandis qu’une promesse faite de vive voix avait à la fois l’avantage de sauver l’honneur du gouvernement et d’arranger la situation en Acadie. C’est cette sorte de concession que Philipps avait reçu l’ordre d’accorder : car, en Angleterre du moins, l’on comprenait fort bien que l’on ne pouvait exiger des Acadiens de prendre les armes contre leurs compatriotes. Une simple promesse verbale avait cet inconvénient de ne pas contenir, aux yeux des Acadiens, toute sécurité pour l’avenir. Mais avec un homme de la haute position de Philipps, fraîchement arrivé d’Angleterre, et se portant garant de la parole de son Souverain, la méfiance tombait. C’est ce qui explique le prompt succès des négociations reprises par cet émissaire, sur les bases nouvelles d’un compromis qui fut discuté et accepté par les intéressés.

Pour écrire son Histoire de la Nouvelle Écosse, Haliburton n’avait pas sous les yeux les documents que nous possédons. Il ne paraît même pas avoir essayé sérieusement de pénétrer le problème qui se posait. Mais, avec la connais-