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Mais auparavant, il faut nous occuper à nouveau, non pas certes pour notre plaisir, de Akins et de son œuvre si partiale. Nous avons dit déjà que ce volume, qui, dans l’intention de la Législature de la Nouvelle Écosse, devait servir à l’histoire générale de la Province, n’est guère qu’un recueil de griefs contre les Acadiens et leur clergé. Si insignifiants que ces griefs soient souvent, ils remplissent toute l’administration d’Armstrong, de 1725 à 1740. Pour ces quinze années, il n’y a pas, au livre des Archives, un seul document émanant des Acadiens ou de leurs prêtres. Et pourtant, ces documents existaient, puisque Armstrong, dans ses lettres aux Lords du commerce, mentionne les copies qu’il leur en communique.

Non seulement le volume des Archives ne contient que les pièces chargeant les colons français et leurs missionnaires, mais encore ces pièces sont émondées de tout ce qui n’est pas accusation contre eux. L’on comprend que, dans ses lettres aux Lords du commerce, Armstrong a dû avoir soin d’omettre tout ce qui pouvait lui porter préjudice à lui-même. Cependant, ce personnage a eu tant de difficultés avec ses officiers, son conseil et tout son entourage, qu’il a dû en percer quelque chose dans sa correspondance, laquelle, dans sa teneur véritable et sa totalité, doit refléter fidèlement le caractère de son auteur. Aussi Akins a-t-il eu la précaution de promener ses ciseaux à travers ces papiers compromettants, pour en retrancher les passages où le gouverneur fût apparu sous un jour trop peu favorable. Mais le tort principal du compilateur est de ne nous avoir montré qu’un côté de la question, en ne donnant place qu’aux plaintes d’Armstrong, sans vouloir y joindre les justifications et les défenses que les Acadiens y durent opposer.