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les conseils donnés par les prêtres auraient eu une influence réelle sur la détermination des Acadiens, où serait le crime ? Saurions-nous faire un grief aux missionnaires d’avoir émis des avis inspirés par la sagesse et par la charité ? Du moment que leur action restait dans les bornes légitimes de la prudence, n’avaient-ils pas le droit de l’exercer au profit de leurs peuples ? Ce n’était, certes, nullement conspirer que de répéter aux Acadiens ce que ceux-ci savaient parfaitement : par exemple, qu’ils étaient autorisés, de par la lettre des traités, à quitter la province s’ils le voulaient ; que les empêchements qu’on y mettait étaient injustes ; que, s’ils jugeaient à propos de rester, ce devait être à la condition de n’être pas assujettis à prendre les armes contre les Français.

L’attitude des divers gouverneurs, depuis Nicholson jusqu’à Armstrong, a été par contre une conjuration assez mal ourdie pour frustrer les Acadiens de leurs droits : toutes les ruses imaginables ont été mises en œuvre pour enlever à ces derniers l’occasion de se prévaloir des clauses d’un traité. Les historiens, qui grossissent à plaisir l’influence des missionnaires, oublient de nous expliquer ceci : peu de temps

    savages shall treat them as enemies ! I wish them conscientiously to abandon the lands they possessed under English rule ; but is it well proved that they cannot conscientiously return to them, secluso perversionis periculo ? I think this question too embarrassing to make it the subject of a charge ; and I confess that I should have much trouble in deciding, even at the tribunal of penance. » — Parkman, fidèle à sa méthode, crible d’injures l’abbé Le Loutre : « a man of boundless egotism, a violent spirit of domination, an intense hatred of the English, a fanatism that stopped at nothing. » Cf. Montcalm and Wolfe, Tome II, c. IV, p. 118, et passim. Tous les documents sérieux prouvent au contraire que cet abbé fut un saint missionnaire, qui a seulement un peu manqué de prudence sur un point où il s’est laissé emporter par son patriotisme. Nous reviendrons là-dessus.