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targue, il est plus facile encore d’apprécier exactement un homme que toute une race.

Et donc, puisque les autorités avaient gardé, de force ou par ruse, les Acadiens dans le pays, c’était une indignité de leur refuser des terres nouvelles, et de les contraindre de la sorte à morceler presque à l’infini leurs propriétés. C’était retarder leurs progrès, produire parmi eux le mécontentement, provoquer la désobéissance, troubler l’harmonie mutuelle, affaiblir leur loyauté ; c’était aussi exposer le gouvernement à de graves mécomptes. Et Mascarène a bien vu tout cela. Il confesse qu’en dépit des injonctions qui avaient été faites, plusieurs allèrent occuper des terres sur les confins de la province. Mais, l’étonnant, c’est que le plus grand nombre se soit soumis aux ordres qui avaient été édictés. Nous doutons fort que les colons de la Nouvelle-Angleterre eussent subi pendant quarante ans une aussi criante injustice sans se révolter contre le pouvoir. Mascarène nous dit encore que les instructions de Sa Majesté étaient de n’accorder des octrois de terres qu’à des sujets protestants. Parfaitement. Mais il ne serait pas téméraire de penser que pareilles instructions eussent été obtenues par l’influence « désintéressée » des messieurs qui s’étaient octroyés à eux-mêmes, sous l’administration d’Armstrong, la bagatelle de 100,000 acres de terre dans la région de Grand-Pré et de Beaubassin. Et parmi ces messieurs, en outre de Philipps, d’Armstrong, et de leurs conseillers, figuraient King Gould, Allured Popple, Henry Popple, Andrew Robinson, Henry Daniels, Ecrs., tous d’Angleterre. Nous ne connaissons pas l’état social de ces spéculateurs à longue portée, à l’exception de King Gould, qui était l’agent financier de Richard Philipps. Mais nous avons lieu de croire que l’un d’eux, Allured Popple, n’était autre que le Secrétaire d’État lui-