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Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome I, 1916.djvu/343

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même. Avec un intermédiaire aussi haut placé, l’ordre royal en question s’explique. En vertu de cet ordre, le gouverneur n’était pas libre d’accorder de nouvelles concessions aux Acadiens, qui n’avaient plus que la ressource de s’adresser aux landlords anglais, ci-devant nommés, lesquels s’étaient taillés, à très peu de frais, un immense domaine dont l’exploitation était ainsi garantie avec grands avantages[1].

Nous ne voyons nulle part que les sages recommandations de Mascarène aient eu leur effet : la situation sur laquelle il appelait l’attention des autorités britanniques se perpétua, croyons-nous, jusqu’à la déportation ; laquelle eut pour cause principale, comme nous le verrons, une spéculation véreuse, dans le genre de celle dont nous venons de parler. Tout au long de leur existence jusqu’à leur écrase-

  1. Cf. au sujet de cette concession territoriale les Appendices. — Au ch. LVII du Tome I de Son Histoire, B. Murdoch écrit simplement : « 28 et 31 August 1736. Two patents, for the granting of 50.000 acres in each, were passed in council ». Et l’on admire avec quelle facilité le conseil royal d’Annapolis ratifiait cette énorme transaction ! Aussi bien, nous savons qu’Armstrong composait à peu près à lui seul tout son conseil. Et d’ailleurs, il y avait trop de « grands » personnages intéressés dans cette spéculation pour qu’il pût être question de la discuter et encore moins d’y mettre obstacle. Il s’agissait tout bonnement d’accorder les « patentes » voulues à cet effet. À quoi le conseil se prêta avec une bonne grâce digne d’une meilleure cause. — Pour le détail de cette concession, nous renvoyons à l’appendice, où l’on verra que this (the grant), was escheated (c’est-à-dire, devait échoir aux personnes y intéressées), 21 April 1760, à condition, pour elles de payer one penny per acre, to begin 30 August 1739, and another penny per acre, if the crown require it, for provincial expanses. Ministers and Schoolmasters lots to be laid out. A space of one hundred yards wide along the banks of all creeks and rivers to be left open for ways and public uses. Fifty houses to be erected within three years. The grant to be annulled if the conditions are not performed. Par où l’on voit que les conditions posées aux dits concessionnaires, pour que cet immense territoire leur échût en nue propriété, étaient loin d’être draconiennes. Et la raison de cet inique accaparement ? Quia nominor leo !