Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome I, 1916.djvu/378

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ser le gouvernement du Roi. Il recommandait encore de faire venir en Acadie des ministres protestants français, et d’en chasser tous les prêtres qu’il y avait actuellement ; aussi, d’accorder des privilèges et exemptions comme encouragement à ceux qui voudraient passer à la religion protestante et faire apprendre l’anglais à leurs enfants. » Heureusement pour les Acadiens, le gouverneur du Mass, n’était pas le maître de la situation ; il pouvait donner des avis, émettre des suggestions, mais il n’était pas en son pouvoir d’ériger tout cela en lois. L’issue dépendait des autorités britanniques ; et, comme nous le verrons, l’on était loin, à Londres, de vouloir adopter toutes ses vues. Le duc de Newcastle était peut-être un politicien retors et sans scrupules, surtout habile à soigner ses intérêts ; et peut-être ne savait-il même pas où se trouvait Annapolis, ainsi que le dit Parkman, après Horace Walpole[1]. Mais il nous semble qu’il avait du moins le sens et le respect de certaines choses qui échappaient à « l’habileté » de Shirley : celui-ci se trom-

  1. « A more preposterous figure than the Duke of Newcastle never stood at the head of a great nation. He had a feverish craving for place and power, joined to a total unfitness for both. He was an adept in personal polities, and was so busied with the arts of winning and keeping office that he had no leisure, even if he had had ability, for the highest work of government… Walpole (George II. I, 344) gives an anecdote showing the state of his ideas on colonial matters. « General Ligonier suggested to him that Annapolis ought to be defended. » To which he replied with his lisping, evasive hurry : « Annapolis, Annapolis ! Oh ! yes, Annapolis must be defended ; to be sure, Annapolis should be defended, — where is Annapolis ? » — Parkman. Montcalm and Wolfe, vol. I, ch. VI, p. 184. Cet Horace Walpole fut l’une des figures les plus complexes et les plus intéressantes du 18e siècle anglais. Il fut le fils de Sir Robert Walpole, l’un des grands ministres de l’Angleterre, qu’il gouverna glorieusement vingt et un ans. Il doit également une part de sa célébrité à son amitié pour Madame Du Deffand. La correspondance de ces deux personnages est un monument littéraire. (Cf. Correspondance complète de Madame Du Deffand avec ses amis, éditée par M. de Lescure. Deux tomes considérables. (Paris, Plon, 1865).