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pait en effet grandement, lorsqu’il s’imaginait que ses plans machiavéliques auraient pour résultat certain de retenir les Acadiens dans la Province.

Dès 1745, son projet arriva à la connaissance des habitants français, interprété comme contenant une mesure d’expulsion. Ils en furent grandement alarmés, comme de juste. Les chefs de l’expédition française, envoyée contre l’Acadie, en profitèrent pour accentuer encore leurs craintes et vaincre la résistance qu’ils leur opposaient. On leur représenta qu’ils n’avaient aucune justice à attendre de leurs maîtres ; que cette violation de leurs biens, que l’on se préparait à opérer, les déliait de leur serment de fidélité ; que tôt ou tard on les priverait totalement des services de leurs prêtres, et qu’on les empêcherait de pratiquer librement leur religion et de parler leur langue maternelle. Fort inquiets de cet avenir si sombre, les députés Acadiens de tous les cantons se rendirent auprès de Mascarène pour savoir à quoi s’en tenir exactement à ce sujet : celui-ci calma leurs appréhensions, et leur promit de leur procurer à courte échéance des explications satisfaisantes de la part de Shirley ; il ajouta qu’on ne leur enlèverait jamais la liberté de pratiquer leur religion, etc.

Shirley tenait pourtant beaucoup au projet qu’il avait conçu : à preuve, ce passage d’une de ses lettres au duc de Newcastle, en date du 15 août 1746 : « … en chassant de la Province les prêtres romains, et en y introduisant des ministres protestants français, comme en y établissant des écoles anglaises protestantes, en donnant quelques encouragements à tous ceux des habitants qui voudront passer au protestantisme et envoyer leurs enfants aux écoles anglaises, cela aura au moins pour effet de tenir ces colons dans la soumission due au gouvernement de Sa Majesté, et