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APPENDICE I


ÉDOUARD RICHARD ET SON ŒUVRE « ACADIA »[1]


Par J. E. Prince, Docteur-en-Droit (Laval)


Édouard Richard, voici un écrivain d’un rare mérite, mais un écrivain dont l’œuvre est en réalité peu connue parmi nous, et le motif en est facile à comprendre : l’unique ouvrage, pour bien dire, qu’il ait laissé, « Acadia », a paru en anglais. Richard avait d’abord composé son livre en français, mais en reprenant la question acadienne comme il le faisait, il crut qu’il importait surtout d’atteindre le public anglais. Il fit donc préparer sans délai la version anglaise, seul travail livré à la publicité jusqu’ici. Des voyages, puis un événement toujours inattendu, la mort, empêchèrent l’auteur de mettre au jour le manuscrit original. En attendant que quelque ami de l’histoire exécute ce dessein pieux, nous n’avons malheureusement pour juger de son œuvre qu’une traduction. C’est peut-être assez pour parler de l’historien, ce ne l’est guère pour parler de l’écrivain. Sans doute, pour quiconque connaît la manière de penser d’Édouard Richard, la tournure originale de son esprit, ses opinions intimes sur divers sujets, l’on sent bien que l’anglais n’est pas étranger à la composition française : mais enfin le livre est écrit en anglais. Au reste les critiques l’ont loué unanimement : et le style et la langue y seraient tels qu’il est impossible de ne pas lui reconnaître la valeur d’un original. C’est un éloge que l’on aime à donner en passant au traducteur, le Rév. P. Drummond, de la Compagnie de Jésus, déjà apprécié dans les lettres et qui a, — avec quelle réserve discrète ! — si généreusement mis son talent au service d’une cause chère au patriotisme français. Si l’ouvrage a obtenu de la réputation, l’on ne saurait douter qu’une bonne part d’honneur n’en revienne à celui qui les a su le revêtir d’une forme de langage aussi parfaite.

  1. Travail lu à l’Université Laval, à Québec, le 1er avril 1909.