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I


Édouard Richard est descendant d’Acadien dans les deux branches paternelle et maternelle. Il naquit à Princeville, le 14 mars 1844, du mariage de Louis Richard et d’Hermine le Prince, lesquels avaient de bonne heure quitté St-Grégoire, dans le district des Trois-Rivières, pour aller s’établir dans les Cantons de l’Est. Son père, négociant important et qui fut plus tard membre du Conseil Législatif, appartenait à l’une des plus anciennes et des plus nombreuses familles originaires de l’Acadie. Sa mère, une de ces femmes dont on vénère à jamais la mémoire pieuse et sainte, était la sœur de feu le chanoine le Prince, professeur au séminaire de St-Hyacinthe, et, par conséquent, nièce de Mgr Jean-Charles le Prince, premier évêque de St-Hyacinthe.

Les ancêtres de notre écrivain ont donc été, la plupart, victimes de la fameuse dispersion acadienne de 1755.

La carrière d’Édouard Richard n’offre rien de bien particulier. Ses études terminées à Nicolet, il va quelque temps à l’École d’agriculture de Ste-Anne, passe les années 65-66, 66-67, à Laval, où il étudie le droit, pour aller terminer à McGill, où il prit ses degrés. Peu de temps après, l’on retrouve Richard à Paris, où il est censé suivre les cours de jurisprudence, ou étudier en compagnie de son ami Gérin-Lajoie, futur fondateur du journal Le Constitutionnel, aux Trois-Rivières. De retour d’Europe, il forme une société à Arthabaskaville, laquelle dura sept ans, — la société légale Laurier et Richard, mais on ne voit guère ce dernier plaider ; il laisse ce soin à Laurier qui, plein d’ardeur, possède le don d’émerveiller par ses discours, préparant ainsi, à l’exemple de Cicéron, chez les Romains, et de Berryer, chez les Français, ses futurs succès de tribune parlementaire.

De 1872 à 1878, Édouard Richard représente le comté de Mégantic aux Communes du Canada, mais la politique — la politique active j’entends — ne va guère à son tempérament. Vers 1878, il part pour Winnipeg, d’où il exerce la charge de bailli des Territoires jusqu’à 1883. La carrière politique l’ayant de nouveau tenté, il se présente, en 1887, dans le comté de Provancher, où il est défait par l’honorable Larivière. Enfin, nommé par le gouvernement fédéral pour aller recueillir des documents devant servir à l’histoire, il passera huit ans à Paris d’où il reviendra dans l’Ouest finir ses jours, en 1904. Mais c’est avant son départ, pendant les loisirs que n’ont pas voulu, heureusement, lui ôter les électeurs de Provancher et que lui procura toujours, du reste, une belle aisance, qu’il conçoit le projet d’écrire sur la question acadienne.

Sobre, rangé, méditatif, Édouard Richard ne jouit cependant jamais d’une santé parfaite. Il alla toujours traînant plus ou moins sa vie, incapable pendant longtemps de se livrer à aucun genre d’étude. Mais il en était arrivé là précisément par l’abus du travail, aussitôt après sa sortie de l’Université. L’ambition de s’instruire s’était emparée de lui, il se plongeait dans la lecture et se livrait aux études diverses avec une sorte de frénésie. Un moment vint