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Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome I, 1916.djvu/55

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historiens ont été à peu près unanimes à admettre que les Acadiens n’avaient rien fait qui pût justifier leur déportation. Leurs actes, tels que présentés par Lawrence lui-même, ne motivaient pas un traitement aussi barbare. Ce fut là le sentiment général pendant un siècle. S’il est vrai, d’autre part, que le gouvernement anglais n’a jamais ordonné la déportation, il faut donc supposer que Lawrence avait un intérêt quelconque à agir comme il l’a fait. Cet intérêt, nous en avons eu comme l’intuition dès le début de nos études sur ce sujet ; nous avons parfaitement compris en quoi il avait pu consister. Mais là n’était pas la difficulté. Le point essentiel était de prouver que nous avions vu juste et que notre pressentiment avait un fondement dans la réalité. Chose ardue, quand on se souvient que les documents sur lesquels nous aurions pu appuyer notre démonstration avaient disparu. Quelqu’un a dit avec plus d’esprit peut-être que de justesse : « Vous voulez connaître la raison d’un crime ? cherchez la femme ![1] » Nous, nous dirons à propos du plus monstrueux attentat que relatent

    Fundy. En 1753, il succéda au général Hopson dans le gouvernement de la colonie ; devint lieutenant-gouverneur en 1754 et gouverneur en 1756. En 1757, il commanda la troupe de réserve dans les opérations militaires de Lord Loudon ; le 3 décembre 1757, fut nommé brigadier-général ; il prit part au siège de Louisbourg à la tête d’une brigade. Il mourût à Halifax le 17 octobre 1760. Ce triste personnage a cependant son monument dans l’église St. Paul de Halifax. Le journal de Lawrence est au British Museum. Addit. MSS. 32821, p. 345.

  1. « On a attribué à Alexandre Dumas le mot célèbre : « Cherchez la femme ! ». C’est Joseph de Maistre qui l’a dit le premier : « Un vieux bonhomme de ministre, écrit-il le 3 novembre 1803, disait un jour à un de ses amis : « Souvenez-vous bien que dans toutes les affaires il y a une femme. Quelquefois on ne la voit pas, mais regardez bien, elle y est. » Et il ajoute : « Je crois qu’il avait raison… » — Henri Welschinger. Joseph de Maistre et Napoléon. Dans la Revue des Deux Mondes du 1er février 1914, p. 608.