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L’horizon que cette découverte déroulait aux regards de l’Europe émerveillée était trop immense et trop éblouissant dans sa nouveauté pour se dessiner clairement à l’esprit. L’émotion qu’elle suscita fut sans doute très grande, mais il serait difficile de dire jusqu’à quel point furent comprises et calculées les conséquences qui allaient en dérouler. L’enthousiasme que fait subitement éclore une importante découverte est souvent le meilleur guide pour faire saisir ce qui doit en résulter dans la suite des siècles. Sous son influence, l’esprit s’illumine tout à coup, comme, par une nuit d’été, le firmament sillonné par l’éclair : dans cet instant fugitif, plus rapide que la pensée, l’œil suit le trait enflammé qui déchire l’espace, il voit des amoncellements de nuages, des formes bizarres, des contours nettement formés. Puis tout s’efface. L’esprit n’a presque rien gardé de ce tableau grandiose ; la vision a été trop prompte et trop brève pour que les détails infinis qu’elle renfermait aient eu le temps de se graver dans l’imagination. Le regard n’a guère fait qu’apercevoir le fond, que suivre les lignes principales de ce spectacle magique : le reste lui a échappé.

Il en fut peut-être ainsi lors de la découverte de l’Amérique : dans l’enthousiasme que cet événement provoqua, l’on dut se rendre compte que l’équilibre du monde en allait être changé, l’on entrevit confusément tout ce qui allait surgir de trésors de ce continent nouveau. À l’horizon des mers apparaissaient des vaisseaux sans nombre apportant à l’Europe les richesses de cette terre. Et c’étaient des agglomérations qui se formaient, des villes qui se fondaient

    expédition qui le conduisit le long du continent américain au delta de l’Orénoque. Sa dernière expédition eût lieu en 1502, où fut complétée la reconnaissance des Antilles et exploré le littoral d’une partie de l’Amérique centrale. Il mourut délaissé le 20 mai 1506.