Page:Richard - Le véritable conducteur aux Cimetières du Père La Chaise, Montmartre, Mont-Parnasse et Vaugirard.djvu/214

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mort, et au pied de la tombe des personnages les plus puissans et les plus influens du 19e siècle, que l’on est tenté de porter envie à des biens aussi périssables, et qui tant de fois, au lieu de préserver leurs possesseurs, ont été le levier puissant qui les a précipités dans l’abîme, et les a fait succomber sous la faux d’une mort cruelle et inattendue.

Ainsi, par exemple, nous n’avons pas trouvé dans tous les cimetières une marquise, une baronne, une comtesse, voire même une duchesse, qui eut en trois mots une épitaphe aussi expressive que celle d’une simple bourgeoise, Mme Claude Viriot. On lit sur la modeste croix de bois qui indique l’endroit où elle a été ensevelie : Elle vécut bien ; elle aima bien ; elle mourut bien.

Peu d’épitaphes d’enfans de haute et puissante lignée sont aussi touchantes et aussi poétiques que celle que nous apercevons un peu plus loin ; que notre lecteur en juge. Sur une simple croix de bois qui s’éleve au-dessus de la fosse commune, est l’épitaphe suivante, faite pour une enfant de trois mois.

A peine elle a reçu de sa mère chérie
La première caresse, elle git en ce lieu :
Avant de la connaitre, elle a dit a la vie
Un éternel adieu.
Ainsi l’on voit souvent d’une faux meurtrière
Sur la chétive fleur passer le fer tranchant,
Et disparaitre aux yeux une feuille légère
Qu’entraîne le torrent.

C’est, dit-on, a la jeune muse de M. Ambs que l’on doit ces jolis vers qui expriment si bien la douleur d’une semblable perte.

A peu de distance repose là, depuis le 15 novembre 1815, Stéphanie Willaert, jeune fille à son aurore, qui, ainsi que nous l’apprend son épitaphe, est morte dans cette enceinte même, sa main dans celle de sa malheureuse mère.

A peu de distance, dans un terrain cédé à perpétuité, dort la cendre d’une autre vierge de 16 ans