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Page:Richard - Le véritable conducteur aux Cimetières du Père La Chaise, Montmartre, Mont-Parnasse et Vaugirard.djvu/230

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bunal de Joseph Lebon : le 9 thermidor lui rendit la liberté. Depuis cette époque il passa de grade en grade avec une extrême rapidité ; il combattit au Rhin, en Suisse, en Tyrol, en Autriche, aux Dardanelles, en Portugal, et, enfin, à Waterloo. Là finit sa carrière militaire ;

Mais bientôt

Au rang de nos tribuns on a placé son nom,
Au souvenir de l’immortel renom
Qu’il a conquis aux champs de la victoire ;
Nos tribuns se sont tous fait gloire
De ranger ce héros sous leur noble étendard…
Il vient, et dans leurs bras tous ses amis l’enlacent ;
Au sein de leurs lauriers auprès d’eux ils le placent ;
Il parle… ; ils attendaient Bayard :
C’est Démosthène qu’ils embrassent.

Dix ans sa voix retentit avec énergie dans le forum : tant de travaux l’absorbèrent enfin, et la maladie, qui depuis quelque temps le tourmentait, fit des progrès alarmans ; mais il vit arriver la mort sans la redouter, et quelques heures avant de succomber, il disait encore : Je sens un pouvoir désorganisateur qui travaille à me détruire ; je combats le géant et ne peux le vaincre. Lorsqu’arriva sa dernière heure, il voulut respirer un air pur et voir pour la dernière fois la lumière céleste ; mais se sentant défaillir sur son fauteuil, il dit à ses neveux : Mes amis, mes bons amis, mettez-moi sur mon lit : Dieu fera le reste… !

Ainsi finit un héros que la mort n’avait osé frapper à la tête des armées. Nous avons versé quelques larmes sur sa tombe, et nous nous sommes éloignés en disant :

Adieu !
Je reviendrai visiter cet asile
Ou tant d’exploits sont endormis ;
J’en arracherai les soucis
Que laisserait pousser une main inhabile ;
Et si le ciel, enfin, daigne exaucer mon vœu :
Qu’auprès de ce tombeau les passions se taisent,