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Page:Richard - Le véritable conducteur aux Cimetières du Père La Chaise, Montmartre, Mont-Parnasse et Vaugirard.djvu/53

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La mort a des rigueurs a nulle autre pareilles ;
On a beau la prier,
La cruelle qu’elle est se bouche les oreilles,
Et nous laisse crier.

Quel singulier aspect offre cette enceinte funèbre ! Ici la nature elle-même semble plongée dans le cercueil. Le soleil qui dore les vitraux de cette chapelle et ces tombes orgueilleuses semble plus pâle, moins brillant : on dirait qu’il ne leur prête qu’il regret son immortelle clarté.

Eh ! que signifient ces simples croix de bois qui s’élèvent du centre de cette terre sacrée ? que signifient ce marbre, ce porphyre, ces pierres qui l’écrasent de son poids, ces croix, ces pierres, et même ces simples monticules recouverts de mousse ou d’herbes ? Tous ces objets nous apprennent que notre semblable repose sous les fleurs que je foule à mes pieds.

Tout grave dans ces lieux, en termes solennels,
L’orgueil et le néant, attributs des mortels.
................
Hélas ! de tant d’éclat, de tant d’attraits divers,
Qu’offre-t-il maintenant ? de la poudre et des vers ;
Des cendres que les vents, égarés dans l’espace,
Se disputent entr’eux et que leur souffle efface.
Voilà l’homme… Insensé, d’où lui vient tant d’orgueil ?
Le palais qui l’attend est ce morne cercueil,
Cette fosse lugubre, où couché solitaire,
Il pourira sans bruit sous le drap mortuaire.
Si c’est là le destin aux mortels réservé,
Pourquoi donc ce superbe, aux honneurs élevé,
Prétend-il chaque jour, dans sa folle insolence,
Fouler ma pauvreté sous sa vaine opulence ?
L’or est-il donc le dieu qu’encensent les mortels ?
A de vils parvenus devons-nous des autels ?
A la faulx de la mort sont-ils inaccessibles ?
Attendons… Sous les coups de la parque inflexibles
Peut-être ils vont courber leurs fronts humiliés
Et devenir demain la poudre de nos pieds.