Page:Richard - Le véritable conducteur aux Cimetières du Père La Chaise, Montmartre, Mont-Parnasse et Vaugirard.djvu/59

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de l’art venaient de rendre supérieur à tout ce qu’il avait paru jusque-là, fut stigmatisé dès son ouverture, par la défaveur du peuple. Quelles furent les causes de cette défaveur ? M. Marchand, dans un ouvrage qu’il a publié spécialement sur le Père Lachaise, en a cité deux, et nous sommes de son avis. Ces deux causes furent : 1° la révolution ; 2° la manie des victoires.

La révolution, en bouleversant la France, en arracha violemment toutes les vertus, et le respect pour la cendre des morts fut une de celles qui ne reprirent que bien tardivement leur place dans le cœur des Français.

La gloire militaire, qui succéda aux orages de la révolution fut peu favorable à la sollicitude que tout mortel doit éprouver pour la mémoire de ses proches, à une époque où chaque mort faisait faire à chacun un pas en avant dans la carrière des dignités ou dans la route des faveurs. La mort ne pouvait pas être considérée par les vivans d’un œil philosophique, ni mélancolique : on se poussait, on se heurtait ; et une fois arrivé au poste, on s’inquiétait fort peu de ceux que l’on avait renversés sur la route.

Cet ordre de choses ne fut pas de longue durée ; la victoire se lassa de nous suivre ; les élémens se déchainèrent contre nous, les désastres de Russie donnèrent le signal ; et nos armées, invincibles jusqu’alors, reculèrent pas à pas de Moscou jusqu’à Paris. Les malheurs de l’invasion, la perte du Cygne français (l’abbé Delille), celle de l’immortel Grétry, les morts tragiques et effrayantes de Labédoyère et du maréchal Ney tournèrent insensiblement les esprits vers les idée mélancoliques. On alla promener sa rêverie dans les terrains les plus funèbres. Peu à peu on jeta un coup d’œil observateur sur l’admirable position du Père Lachaise ; On aima à y aller contempler le dernier asyle de quelques-uns de ces soldats français qui avaient pendant 15 ans renversé et porté des couronnes : cela consolait un peu des revers du jour. A force de fréquenter cet enclos, on en admira les site heu-