Page:Richard - Le véritable conducteur aux Cimetières du Père La Chaise, Montmartre, Mont-Parnasse et Vaugirard.djvu/58

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place dans leur martyrologe par une lâche tentative d’assassinat sur la personne du Roi.

Voilà donc ces pauvres Jésuites forcés de quitter notre royaume où ils se trouvaient si bien ; le coup était cruel et de nature à faire tourner la tête : aussi les pauvres pères la perdirent-ils ; dans leur désespoir ils oublièrent de payer leurs dettes ; sans respect pour leur personne sacrée, le Parlement de Paris, qui, à cette époque, n’entendait pas la plaisanterie, ordonna tout simplement que Mont-Louis serait vendu pour payer plusieurs millions de lettres de change dues aux Lyonnais, et Mont-Louis fut vendu en 1765.

Ce furent MM. Baron-Desfontaines qui en firent l’acquisition ; ils conserveront long-temps ce joli parc ; mais la révolution, en altérant leur fortune, leur ôta les moyens de l’entretenir convenablement, et bientôt morcelé entre un grand nombre de locataires, il allait, ainsi que la vieille maison du Père Lachaise, perdre sa splendeur et son nom, quand M. Frochot, satisfait de sa position riche et pittoresque, en fit au nom de la ville, et moyennant 160,000 francs, l’acquisition pour en former un cimetière.

M. Brongniard, architecte, fut chargé de la disposer convenablement pour sa nouvelle destination, et le génie de cet architecte se développa dans cette entreprise digne de ses vastes dessins. Il baptisa le Mont-Louis Cimetière de l’Est ; mais le peuple, fidèle à ses vieilles habitudes, ne tint aucun compte de cette nouvelle dénomination, et lui conserva le titre de cimetière du Père Lachaise, tout content (parce que le peuple a toujours aimé les Jésuites) de voir la maison d’un réverend père de la Société de Jésus, transformée en un cimetière. Ce fut, dit Dulaure, le 1er mai 1804, que se fit dans la partie basse de ce nouveau cimetière, la première inhumation, celle d’un porte-sonnette du commissaire de police du faubourg St-Antoine.

Cependant, par une de ces bizarreries inexplicables du cœur de l’homme, ce lieu, à qui la nature ait prodigué tous ses dons, et que les merveilles