Page:Richard - Le véritable conducteur aux Cimetières du Père La Chaise, Montmartre, Mont-Parnasse et Vaugirard.djvu/69

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La bonté, la candeur embellissaient sa vie ;
La bienfaisance en fut le plus bel ornement ;
Tendre, fidèle épouse et généreuse amie,
Elle attirait les cœurs par un charme entrainant.
Mortel infortuné, mes regrets et ma flamme
D’un destin trop cruel aggravent le fardeau,
Au printemps de ses jours elle exhale son âme ;
Je vis pour la pleurer et la joindre au tombeau.

Voila une douleur bien marquée ; et, cependant, qui croirait qu’il n’en est plus rien depuis longtemps ? car la pierre qui recouvre cette épouse, que l’on devait pleurer toute la vie, est jonchée d’ordures, et la couronne de fleurs d’orange, qui surmonte l’urne, est pourrie, sans laisser penser qu’elle ait jamais été renouvelée.

Nous regrettons de n’avoir pu copier la touchante élégie que Mlle Rose Rouillière a composée et écrite sur la tombe de son père ; cette tombe se compose d’une simple croix de bois, à laquelle est suspendue un cadre, sous le verre duquel est la dite élégie écrite à la main. Le commencement annonçait quelque chose de bien ; le voici :

C’est ta fête aujourd’hui, mon père ;
Je viens t’apporter mon bouquet.
Pour bouquet, à l’ordinaire,
A ta boutonnière il brillait,
Et maintenant il languit sur ta pierre.
A l’ordinaire aussi, je caressais mon père,
J’égayais ses regards de mes folâtres jeux ;
Et maintenant je viens baiser sa pierre....

L’humidité a gâté cet hommage de la piété filiale, et il nous a été impossible d’en lire davantage.

Nous avons été plus heureux pour les vers gravés sur la tombe de Mme Dupont, décédée à l’âge de 23 ans, le 17 décembre 1823. Ces vers sont empreints d’une douce mélancolie.

Tes beaux jours ont passé comme la fleur des champs,
Qu’on voit naitre et mourir dans un même printemps