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Page:Richard - Le véritable conducteur aux Cimetières du Père La Chaise, Montmartre, Mont-Parnasse et Vaugirard.djvu/68

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A mon amour la mort inexorable
Laisse des pleurs et rien de plus.

Croissez, riantes fleurs,
Jadis vous formiez sa parure ;
Croissez, … arrosées de mes pleurs,
Ornez encor sa sépulture.

Écoutons la douleur d’un père au tombeau d’Edmond-Pierre-Eloy Sassé, le dernier de ses fils, mort le 16 novembre 1825, à l’âge de 21 ans.

J’avais deux fils, hélas ! de mon triste veuvage ;
Tous deux ils consolaient les récentes douleurs ;
L’ainé me fut ravi, je m’armai de courage,
Espérant que du moins l’autre essuirait mes pleurs.
Vain espoir, sous ses pas s’est ouvert un abime :
Je le vois, c’est le même où son frère a péri ;
Il attendait, grand Dieu ! la seconde victime :
L’abîme est refermé, rien n’aura donc servi,
Mes veilles ni mes soins, mes pleurs ni ma prière.
Ah ! du moins, dors en paix à côté de ton frère ;
Comme lui, tu fus bon, sensible généreux ;
Comme lui, tu dois être au rang des bienheureux.
Chers fils, vous eussiez fait l’orgueil de mon vieil âge,
L’un et l’autre à l’envi vous l’auriez su charmer ;
Vos talens, vos vertus en étaient un sûr gage ;
Vos talens, vos vertus n’ont donc pu vous sauver.
Un seul espoir me reste et soutient mon courage :
Quand Dieu m’appellera j’irai vous retrouver.

Allons à quelques pas de là pleurer, avec M. Lelandais, Louise-Thérèse, son épouse, décédée le 15 octobre 1823, à l’âge de 28 ans.

Telle on voit dans les champs la fleur encor nouvelle
Dont l’aspect, la beauté, l’éclatante fraicheur
Dérobent à nos sens une cause mortelle
Qui va l’anéantir au jour de sa primeur :
Telle, avant son trépas, cette épouse adorée,
Modeste autant que belle, offrait à tous les cœurs
L’image des vertus, source pure et sacrée
D’où découle l’oubli des plus vives douleurs ;