Page:Richard Hadot - Clarice.djvu/11

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ROBERT, à part.

L’intérêt va me la ramener. (Haut.) Oui, ma chère ; écoute, et sois persuadée que ce que tu regardes comme un crime, n’est rien du tout.

LISBETH.

Tu peux avoir raison.

ROBERT.

Deux mots vont justifier la conduite du Baron. M. le comte d’Hasberg, ton maître, n’a que deux enfans, et tu sais qu’il est un des plus riches seigneurs de l’Allemagne. Le colonel Hypolite, son fils, est un mauvais sujet qui a déshonoré sa famille par une alliance indigne de son rang ; le mariage doit être cassé, et la jeune personne qu’il a épousée conduite dans un couvent, où elle passera sa vie.

LISBETH., à part.

L’infortunée ! et c’est moi qui l’ai introduite dans ce château ! Que va-t-elle devenir ? (Haut.) Que fera-t-on de son époux ?

ROBERT.

On le déshéritera. La jeune et belle Amélie plaît à mon maître ; il l’épousera, et deviendra possesseur d’une grande fortune, dont nous aurons une bonne part, si tu acceptes le don de ma main et de mon cœur.

LISBETH.

C’est superbe ! cependant M. le Comte paraissait disposé à la clémence.

ROBERT.

Il est vrai ; mais les conseils du Baron ont tout changé. Je sais bien qu’on allait annuler la procédure ; mon maître l’a fait continuer, sans cela Hypolite serait ici avec sa femme. Il serait honteux de voir une fille sans nom devenir comtesse d’Hasberg… L’honneur…

LISBETH.

Tu sais ce que c’est : je ne m’en doutais pas. Mais quel autre motif que celui de l’intérêt, peut porter le Baron à persécuter M. Hypolite ?

ROBERT.

La vengeance. M. Hypolite a refusé d’être son beau-frère.

LISBETH.

Eh bien, je te dirai, moi, qu’Amélie voit avec horreur son mariage avec ton maître.

ROBERT.

Je le sais ; et tiens, Lisbeth, j’ai des soupçons…

LISBETH.

Sur qui ?

ROBERT.

Je présume que M. d’Armancourt, ce précepteur qui donne à ta maîtresse des leçons de musique, d’anglais et de dessin, est