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un amant déguisé, qui n’a pris la qualité de maître que pour s’introduire dans le château.

LISBETH.

Tu te trompes.

ROBERT.

Non pas ; j’ai le tact fin. Corbleu ! qu’il ne se joue pas à être le rival de M. le Baron ! Il n’entend pas raillerie. Il se bat.

LISBETH.

Bah ! il est brave ?

ROBERT.

Tu badines toujours. Mais le petit précepteur décampera. (Il regarde.) Je crois l’appercevoir. Oui, sombre, rêveur. Il se promène dans une des allées du jardin. Ah ! mon cher Monsieur, vous êtes trop joli pour n’être pas dangereux. Le comte d’Hasberg l’aborde. Ils dirigent leur pas de ce côté. Je cours rejoindre mon maître : songe à la fortune qui nous attend.

LISBETH.

Autant que tu peux compter sur moi.

ROBERT.

L’amour et la richesse seront notre partage. Bientôt tu seras madame Robert.

LISBETH.

J’en accepte l’augure. (à part.) Ah ! maître fripon, je déjouerai tes complots. Adieu, honnête valet.



Scène IV.


LISBETH, seule.

Oui, si l’infortunée Clarice Poleski est obligée de quitter le château du père de son époux, Lisbeth lui restera fidelle. C’est pour la servir que depuis six mois je suis entrée ici ; sa mère avait la mienne pour compagne, lorsqu’elle fut abandonnée du cruel Édouard. L’auteur de mes jours n’est plus ; mais je ferai pour Clarice ce que ma mère a fait pour la sienne. Elle vient ici : le comte d’Hasberg l’accompagne. Peut-être Clarice engage-t-elle le père à pardonner à son fils. Laissons-les poursuivre un entretien aussi important.

(Elle sort par la porte de côté, tandis que le comte d’Hasberg entre par le fond avec Clarice.)



Scène V.

LE COMTE, CLARICE.

LE COMTE. Je vous le répète, mon cher d’Armancourt, cette tristesse n’est point le partage des jeunes gens : que peut-il vous manquer dans mon château ? parlez-moi sans crainte.