Page:Richardson - Clarisse Harlove, I.djvu/222

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compagnies de son goût, et qui ne fera pas démolir sa chapelle pour vous guérir de l’aversion que vous commencez à prendre pour les lieux destinés au service divin : idée d’autant plus folle, que, si nous voulions employer la force, votre chambre serait aussi propre que tout autre lieu pour la cérémonie. Vos préventions contre M Solmes, vous ont malheureusement aveuglée. La charité nous oblige de vous ouvrir les yeux. Cet honnête homme ne paroît méprisable qu’à vous : et dans un provincial qui est trop sensé pour vouloir faire le petit maître, je ne vois point ce qu’il y a de plus à désirer du côté des manières. à l’égard de son naturel, il faut que vous le connaissiez mieux pour en juger. Enfin, je vous conseille de vous disposer de bonne heure à partir, autant pour votre propre commodité, que pour faire voir à vos amis qu’il y a du moins quelque chose en quoi vous n’êtes pas fâchée de les obliger. Vous me compterez parmi eux quand il vous plaira de le mériter ; quoique je ne sois que votre frère . James Harlove. P s. Si vous êtes disposée à recevoir M Solmes et à lui faire quelques excuses de votre conduite passée, pour vous mettre en état de le voir ensuite dans quelque autre lieu avec moins d’embarras, il se rendra où vous le jugerez à propos. Si vous souhaitez aussi de lire les articles, avant qu’on vous les présente pour vous les faire signer, on vous les enverra sur le champ. Qui sait s’ils ne vous aideront pas à forger quelque nouvelle objection ? Votre cœur est libre, vous savez. Il faut bien qu’il le soit, car ne l’avez-vous pas dit à votre mère ? Et la pieuse Clarisse serait-elle capable d’une imposture ? Je ne vous demande point de réponse. Il n’en est pas besoin. Cependant je vous demande, miss, si vous n’avez plus d’offres à proposer ? La fin de cette lettre m’a piquée si vivement, quoiqu’elle puisse avoir été ajoutée sans la participation des autres, que j’ai pris aussitôt ma plume, dans l’intention d’écrire à mon oncle Jules, pour lui demander, suivant votre avis, que ma terre me soit rendue. Mais le courage m’a manqué, lorsque je suis venue à faire réflexion que je n’ai pas un ami qui soit propre à me soutenir, et que cette démarche ne servirait qu’à les irriter, sans répondre à mes vues. Oh ! Si M Morden était ici. N’est-il pas bien cruel pour moi, qui me croyais, il n’y a pas long-temps, chérie de tout le monde, de n’avoir personne qui puisse parler en ma faveur, prendre mes intérêts, ou m’accorder un asile, si je me trouvais dans la nécessité d’en chercher ? Moi qui ai eu la vanité de penser que j’avais autant d’amis que je connaissais de personnes, et qui me flattais même de n’en être pas tout-à-fait indigne, parce que, dans l’un et l’autre sexe, dans toutes sortes d’états, entre les pauvres comme parmi les riches, tout ce qui porte l’image de mon auteur, avait sa juste part à ma tendre affection. Plût au ciel, ma chère, que vous fussiez mariée ! Peut-être M Hickman se laisserait-il engager par votre prière à m’accorder sa protection jusqu’à la fin de cet orage. D’un autre côté ce serait l’exposer à quantité d’embarras et de dangers ; ce que je ne voudrais pas pour tous les avantages du monde. Je ne sais ce que je dois faire. Non, je ne le sais pas. J’en demande pardon au ciel, mais je sens que ma patience est épuisée. Je souhaiterois…