Page:Richardson - Clarisse Harlove, I.djvu/257

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viendra point ici. S’il se rend coupable de l’une ou l’autre de ces deux extravagances, je romps avec lui sans retour. à quoi se résoudre avec des esprits si obstinés ? Plût au ciel que je n’eusse jamais !… mais que servent les regrets et les désirs ? Je suis étrangement agitée ; et quel besoin de vous le dire, après vous avoir fait cette peinture de ma situation ?



Miss Clarisse Harlove, à Miss Howe.

mardi à sept heures du matin. Mon oncle a daigné me répondre. Voici sa lettre, qu’on m’apporte à ce moment, quoiqu’écrite hier, mais apparemment fort tard. Lundi au soir. Miss Clary, vous êtes devenue si hardie, et vous nous apprenez si bien notre devoir, quoique vous remplissiez fort mal le vôtre, qu’il faut nécessairement vous répondre. Personne n’a besoin de votre bien. Est-ce à vous, qui rejetez les conseils de tout le monde, à prescrire un mari pour votre sœur ? Votre lettre à M Solmes est inexcusable. Je vous en ai déjà blâmée. Vos parens veulent être obéis, et la justice veut qu’ils le soient. Cependant votre mère vient d’obtenir que votre départ soit remis à jeudi, quoiqu’elle vous juge indigne de cette grâce et de toute autre marque de son affection. Ne m’écrivez plus. Je ne recevrai pas vos lettres. Vous êtes trop fine pour moi. Que d’ingratitude dans votre cœur et d’égarement dans votre esprit ! Vous voudriez que votre volonté devînt une loi pour tout le monde. Ah ! Que vous êtes changée ! Votre oncle très-mécontent, Jules Harlove. Partir jeudi, pour le château environné de fossés, pour la chapelle, pour recevoir M Solmes ! Je ne puis supporter cette idée. Ils me pousseront au désespoir. Mardi matin, à huit heures. J’ai reçu une nouvelle lettre de M Lovelace. Mon attente, en l’ouvrant, était d’y trouver des plaintes libres et hardies, de ma négligence à lui répondre, pour l’empêcher de passer deux nuits à l’air, dans un temps qui n’est pas extrêmement agréable. Mais, au lieu de plaintes, elle est remplie des plus tendres marques d’inquiétude sur les raisons qui peuvent m’avoir ôté le pouvoir de lui écrire : " serait-ce quelque indisposition ? Aurois-je été renfermée plus étroitement, comme il m’a souvent avertie que je dois m’y attendre ? " il me raconte " que dimanche dernier il a passé tout le jour sous divers déguisemens, errant autour du jardin et des murs du parc ; et que, la nuit suivante, il n’a pas quitté le taillis, d’où il venait essayer à toute heure d’ouvrir la porte de derrière. Cette nuit fut pluvieuse. Il avait un gros rhume, et quelque ressentiment de fièvre. Mouillé, comme il fut toute la nuit, sa voix était presque éteinte ". Pourquoi ne s’emporte-t-il pas dans sa lettre ? Avec le traitement que