Page:Richardson - Clarisse Harlove, I.djvu/353

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Ma tante s’est efforcée plusieurs fois d’excuser une violence si déclarée, par certaines informations qu’on prétend avoir reçues de divers complots de M Lovelace, qui sont prêts d’éclater. C’est une contre-ruse, disent-ils, par laquelle ils prétendent renverser tous ses desseins. Vendredi, à 9 heures du soir. Quel conseil me donnerez-vous, ma chère ? Vous voyez combien ils sont déterminés. Mais comment puis-je espérer de recevoir assez tôt vos avis pour en tirer du secours dans mes irrésolutions ? Je reviens du jardin, où j’ai déjà trouvé une nouvelle lettre de M Lovelace. Il semble qu’il n’ait point d’autre habitation que le pied de nos murs. Je ne puis me dispenser de lui faire savoir si je persiste dans le dessein de m’échapper mardi. Lui marquer que j’ai changé de sentiment, lorsque toutes les apparences sont si fortes contre lui, et plus fortes en faveur de Solmes que dans le temps où j’ai cru la fuite nécessaire, n’est-ce pas me rendre coupable de ma propre infortune, si je suis forcée d’épouser cet homme odieux ? Et s’il arrive quelque accident tragique de la rage et du désespoir de M Lovelace, n’est-ce pas sur moi qu’on fera tomber le reproche ? Ajoutez qu’il y a tant de générosité dans ses offres ! D’un autre côté, néanmoins, m’exposer à la censure du public, comme une imprudente créature ! Mais il me fait assez entendre que j’y suis déjà livrée. à quoi me résoudre ? Plût au ciel que mon cousin Morden… mais, hélas ! Que servent les souhaits ? Je veux réduire en substance la lettre de M Lovelace. Mon dessein est de vous envoyer la lettre même, lorsque j’y aurai fait réponse ; mais je ne me presserai pas de la faire, dans l’espérance de trouver quelque prétexte pour me retracter. Cependant, vous seriez moins en état de me donner un bon conseil dans cette crise de mon sort, si vous n’aviez pas sous les yeux tout ce qui appartient aux circonstances. " il me demande pardon de l’air de confiance que je lui ai reproché. C’est l’effet, dit-il, d’un transport qui n’a point de bornes ; mais il se soumet sans réserve à mes volontés ". Les alternatives et les propositions ne lui manquent pas. " il offre de me conduire directement chez Miladi Lawrance, et, si je l’aime mieux, à ma propre terre, où Milord M me promet sa protection. (il ignore, ma chère, les raisons qui me font rejeter cet avis inconsidéré.) dans l’un ou l’autre cas, aussi-tôt qu’il me verra sans danger, il partira pour Londres, ou pour tout autre lieu. Il n’approchera point de moi sans ma permission, et sans avoir satisfait à tous les points sur lesquels il me reste des doutes. " me conduire chez vous, ma chère, est une autre de ses alternatives. Il ne doute pas, dit-il, que votre mère ne consente à me recevoir ; ou, s’il se trouve quelque difficulté de la part de votre mère, de la vôtre ou de la mienne, il me mettra sous la protection de M Hickman, qui s’empressera, sans doute, de plaire à Miss Howe ; et l’on publiera que je suis partie pour Bath, pour Bristol, pour me rendre en Italie auprès de M Morden : on publiera tout ce que je voudrai qu’on publie. " si j’ai plus d’inclination pour Londres, il propose de m’y conduire