bonne humeur, si je ne me trompe pas dans cette conjoncture. qui dit peu, n’a pas beaucoup à rétracter.
cependant je vous avertis que Miladi Betty Lawrance ne vous pardonnera pas aussi facilement que moi. les femmes sont plus rancunières que les hommes. vous qui connaissez si bien ce sexe (au reste, ce n’est pas votre éloge que je fais), vous deviez savoir cette vérité. Mais, comme vous n’avez jamais eu de femme aussi aimable que la vôtre, j’espère que vous ne ferez qu’une ame entre vous. Souvenez-vous de ce que je vous ai déclaré : je suis résolu de vous déshériter et de mettre tout ce que je pourrai sur sa tête, si vous n’êtes pas un bon mari. Puisse votre mariage être couronné d’un grand nombre de beaux garçons (je ne souhaite pas de filles) pour établir dans tout son lustre une maison si ancienne ! Le premier garçon prendra mon nom par acte du parlement. C’est ce qui est déjà réglé dans mon testament. Miladi Betty et Miss Charlotte seront à Londres pour leurs affaires, avant que vous sachiez vous même où vous êtes. Elles ont une extrême impatience de faire leur compliment à leur belle parente. Je ne suppose pas que vous puissiez être encore à Median, lorsqu’elles arriveront à la ville ; parce que Greme ne m’informe pas que vous lui ayez donné des ordres pour les préparatifs. Pritchard tient toutes les pièces prêtes à signer. Je ne prétends point tirer avantage de vos dédains. J’y suis trop accoutumé : ce qui soit dit à l’honneur de ma bonté, plus qu’à celui de votre complaisance. Une des raisons qui conduisent à Londres Miladi Lawrance, c’est pour nous acheter, à tous, les présens qu’il nous convient de faire dans cette occasion. Nous aurions mis tout le pays en fête, si vous nous aviez informé assez-tôt ; et je suis persuadé que c’eût été faire plaisir à tout le monde. l’occasion ne revient pas tous les jours.
mes complimens les plus tendres, et mes félicitations à ma nouvelle niéce ; c’est tout ce que je puis ajouter pour le présent, dans les douleurs de ma goutte, qui vous rendraient fou, avec tout votre courage héroïque. Je suis votre affectionné oncle. Cette lettre, Belford, a consommé mon ouvrage. Il était aisé de voir, a dit Miss Rawlings, que j’avais été un étrange jeune homme ; et, pour elle, c’est le jugement qu’elle avait porté de moi au premier coup-d’œil. Elles ont commencé toutes deux à me solliciter en faveur de ma femme, tant mon rôle avait eu de succès ; à me prier de ne pas quitter le pays ; de ne pas rompre une réconciliation si désirée d’une part, et des vues si avantageuses, du côté de ma propre famille. Qui sait, ai-je pensé en moi-même, si je n’ai pas plus de fruit à tirer de cette aventure que je n’ai osé m’en promettre ? Quel serait mon bonheur, si je pouvais engager ces deux femmes à se joindre pour hâter la consommation de mon mariage ? Mesdames, votre bonté me paraît extrême pour ma femme et pour moi. Je reprendrais courage, si ma trop scrupuleuse moitié voulait consentir à me dispenser d’un serment qui blesse tous les droits. Vous connaissez ma situation. Croyez-vous que je ne puisse pas insister absolument sur cette dispense ? Voudriez-vous entreprendre de lui persuader qu’un seul appartement suffit pour un mari et sa femme, dans les heures de retraite ?