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Page:Richardson - Clarisse Harlove, II.djvu/3

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Miss Clarisse Harlove à Miss Howe.

mercredi, après-midi, 26 avril. à la fin, ma très-chère Miss Howe, je suis à Londres et dans mon nouveau logement. Il est proprement meublé, et la situation en est agréable pour la ville. Je m’imagine que vous ne me demanderez pas si j’ai pris du goût pour la vieille hôtesse. Elle paraît néanmoins fort civile et fort obligeante. à mon arrivée, ses nièces ont marqué de l’empressement pour me recevoir. Elles paroissent de jeunes personnes fort agréables. Mais je vous en apprendrai davantage lorsque je les connaîtrai mieux. Miss Sorlings, qui a son oncle à Barnet, l’a trouvé si mal en passant par ce bourg, que, dans l’inquiétude où je l’ai vue pour la santé d’un second père, de qui elle attend beaucoup, je n’ai pu lui refuser la liberté de demeurer pour prendre soin de lui. Cependant, comme cet oncle ne l’attendait pas, j’aurais souhaité qu’elle m’eût du moins accompagnée jusqu’à Londres ; et M Lovelace l’en a beaucoup pressée, en lui offrant de la renvoyer dans un jour ou deux. Mais, l’ayant laissée maîtresse du choix, après lui avoir fait connaître mon inclination, je ne lui ai pas trouvé autant de politesse que je m’y étais attendue ; ce qui n’a point empêché qu’à notre départ M Lovelace ne lui ait fait un présent fort honnête. Cette noblesse, qui éclate à chaque occasion, me fait regretter souvent qu’il n’y ait pas plus d’uniformité dans son caractère. En arrivant, j’ai pris possession de ma chambre, et si j’y passe quelque tems, je ferai bon usage du cabinet éclairé qui l’accompagne. Un des gens de M Lovelace, qu’il renvoie demain au château de Médian, m’a fourni le prétexte de me retirer pour vous écrire par cette voie. Souffrez à présent, ma très-chère amie, que je vous gronde beaucoup