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Page:Richardson - Clarisse Harlove, II.djvu/319

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sur moi : levez-vous, levez-vous M Lovelace. Ne vous humiliez pas devant une malheureuse fille que vous avez insultée… " non, non, mon très-cher amour, je ne quitte pas cette posture que vous n’ayez prononcé mon pardon. " nous nous sommes levés néanmoins, par soumission pour un second ordre. Je n’ai pas douté que ma grâce ne fût renfermée dans ses derniers termes, et j’ai excité le capitaine des yeux et des mains. Qui empêche, madame, a-t-il repris avec une nouvelle chaleur, que Miladi Lawrance ne soit informée du fond des circonstances, au moment de son arrivée, et qu’elle n’assiste à la célébration ? Je demeurerai moi-même, j’abandonnerai toutes mes affaires, pour être témoin de ce doux évènement ; et c’est alors que je partirai content, avec une nouvelle qui rendra la vie à mon cher ami M Jules. Il faut que je reçoive une lettre de Miss Howe, a répondu mon adorable Clarisse, d’une voix un peu tremblante. Je ne puis rien changer à mes nouvelles mesures sans son avis. Tout le bonheur du monde ne vaut pas pour moi son estime ; et je le sacrifierais à la crainte de passer à ses yeux pour une inconstante ou pour une étourdie. Ce que je puis dire à présent, c’est qu’après avoir reçu sa réponse, je lui expliquerai l’état des choses dans une autre lettre. Je dois donc renoncer à toute espérance ! Me suis-je écrié. ô capitaine Tomlinson ! Miss Howe me hait. Miss Howe… le capitaine s’est efforcé de me rassurer. Miss Howe, m’a-t-il dit, prendra d’autres sentimens pour vous. Elle sera informée de votre repentir. Avec de si belles apparences de réconciliation, elle ne conseillera jamais à sa chère amie de tromper l’espoir de tant de personnes respectables dans les deux familles. On aura besoin, comme madame l’a fait entendre elle-même, de quelque temps pour examiner et pour signer les articles. La réponse de Miss Howe sera venue dans l’intervalle. L’arrivée de Miladi Lawrance achèvera de dissiper les doutes de madame, et ne manquera point d’avancer le jour. Mon étude sera de tranquilliser M Jules. Si le retardement me laisse quelque crainte, c’est du côté de M James Harlove : ce qui montre la nécessité de se conduire avec beaucoup de prudence et de secret… comme votre oncle, madame, l’a toujours recommandé. Elle gardait le silence. J’en ai ressenti de la joie. La chère personne, pensais-je en moi-même, m’a pardonné actuellement au fond de son cœur. Mais pourquoi ne veut-elle pas s’en faire un mérite, en me le déclarant avec une généreuse franchise ? Cependant, comme cette déclaration n’avancerait rien, pendant que la permission ecclésiastique n’est pas entre mes mains, je dois la trouver moins blâmable de prendre un peu plus de temps pour revenir. J’ai proposé de me rendre à Londres demain au soir, avec l’espérance d’en apporter la permission lundi matin. Mais je l’ai priée de me promettre qu’elle ne quitterait pas la maison de Madame Moore jusqu’à mon retour. Elle a répété qu’elle demeurerait chez Madame Moore, jusqu’à ce qu’elle eût reçu la réponse de Miss Howe. Je lui ai dit que je me flattais du moins de son consentement tacite, pour obtenir la permission. Sa contenance m’a fait juger que je n’aurais pas dû lui faire cette question. Loin d’un consentement tacite, elle a déclaré qu’elle n’y prenait aucune part. Comme je ne pensais pas, ai-je dit, lui proposer jamais de retourner dans la maison qu’elle avait quittée, et