que les nôtres soient approuvées de votre famille. Mais, quelque parti, que vous preniez, mes plus ardentes prières seront pour obtenir du ciel qu’il vous donne la patience de supporter vos afflictions, comme il convient à ceux qui n’ont pas de mauvaise intention à se reprocher, et qu’il répande dans votre cœur blessé la douceur de ses consolations. Anne Howe. Il m’est impossible, ma très-chère Clarisse, de laisser partir ces deux lettres sans vous prévenir sur quelques expressions moins tendres que je ne l’aurais souhaité ; mais que je me suis vue comme forcée d’employer, parce qu’elles devaient être soumises à l’inspection de ma mère. Cependant le principal motif de ce billet est pour vous offrir de l’argent et les autres nécessités qui doivent vous manquer. Permettez à votre amie de vous rendre ce foible service. Faites-moi savoir en même temps si je puis vous être utile par moi-même, ou par ceux sur qui j’ai quelque pouvoir. Je tremble que votre retraite ne soit pas assez sûre. Cependant tout le monde est persuadé qu’il n’y a pas d’asile comparable à Londres.
Miss Clarisse Harlove, à Miss Howe.
mardi, 11 de juillet. J’approuve la méthode que vous me proposez pour la sûreté de nos lettres, et j’ai déja pris des mesures qui répondront exactement à vos vues. Je suis fort éloignée de me croire parfaitement à couvert ; mais que puis-je faire de mieux ? De quelle autre retraite ai-je le choix ? Le mauvais état de ma santé, qui s’altère chaque jour de plus en plus, à mesure que la réflexion irrite mes douleurs, deviendra peut-être ma plus sûre protection. Je pensais autrefois à quitter l’Angleterre ; et si je voyais bien loin devant moi, c’est un parti que j’embrasserais volontiers : mais comptez, ma chère, que le coup fatal est porté. Ce langage ne doit pas vous surprendre. Quel cœur aurait été capable de résister ? Au fond, ma chère, mon unique amie, je desire si ardemment cette dernière scène, qui terminera tout, et je trouve tant de consolation à voir décliner mes forces, que je regrette quelquefois d’avoir reçu du ciel cette excellente constitution, qui peut encore éloigner de quelque temps l’unique bonheur où j’aspire. à l’égard des poursuites auxquelles vous m’exhortez, peut-être m’expliquerai-je sur ce point avec plus d’étendue que je n’en suis capable à présent, du moins si j’en ai la force ; car je me sens extrêmement affoiblie : mais ce que je puis dire aujourd’hui, c’est qu’il n’y a point de maux auxquels je ne me soumisse plus volontiers qu’à paroître publiquement devant un tribunal de justice pour y faire entendre mes plaintes. Je suis vivement affligée que votre mère attache la liberté de notre correspondance à cette condition. La constance de votre amitié, ma chère, et le plaisir d’en être quelquefois assurée par vos lettres, auraient fait ma seule consolation, et tout le reste de mes espérances. Cependant comme cette amitié dépend plus du cœur que de la main, je me flatte qu’elle ne m’en sera pas moins conservée. ô ma chère ! Quel fardeau que la malédiction d’un père ! Vous ne vous imagineriez pas… mais je ne dois pas vous entretenir de ces idées, vous qui n’avez jamais aimé ma famille : j’ajoute seulement qu’une réconciliation n’est plus un bien que je puisse espérer. Entre plusieurs soins, j’ai écrit à Miss Rawlings de Hamstead ; et sa réponse, que je reçois à ce moment, éclaircit les lâches inventions par lesquelles ce méchant homme s’est procuré votre lettre du 10 de juin. En substance, " j’informais Miss Rawlings de ce qui m’était arrivé par la trahison des deux femmes qui avoient osé se revêtir d’un nom respectable, et je lui déclarais que je n’avais jamais été mariée. Je la suppliais de s’informer particulièrement, et de m’apprendre