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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/158

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Histoire

pherson dit, qu’en l’entendant recourir au Ciel, il a jugé qu’elle étoit trop timide & trop pieuse pour être engagée dans une intrigue d’amour : cependant, pressés par leur infâme guide, ils ont doublé le pas. Alors elle a jetté un cri ; & dans le mouvement qu’elle a fait des deux côtés, ayant apperçu un des trois hommes, elle lui a demandé son assistance, au Nom de Dieu. Ce Misérable a parlé rudement aux Porteurs, & leur a commandé d’arrêter. Elle a demandé Grosvenor-square[1]. C’étoit à Grosvenor-square, a-t-elle dit, qu’on devoit la conduire. Eh bien, Madame, a répondu l’Homme, vous y êtes dans un instant. Il est impossible, a-t-elle répliqué. Ne vois-je point des champs autour de moi ? Je suis au milieu des champs. C’est Grosvenor-square, lui a-t-on dit ; vous voyez les arbres & le Jardin de Grosvenor-square. Par quel étrange chemin nous avez-vous conduits ? a crié Wilson aux Porteurs ; & tout d’un coup, il a pris le parti d’éteindre son flambeau sous ses pieds, tandis que l’autre, prenant la lanterne des Porteurs, ne leur a laissé que la foible lumière de quelques étoiles pour se conduire. Alors la pauvre Infortunée a poussé un cri si pitoyable, que Macpherson prétend en avoir été pénétré jusqu’au fond du cœur. Mais il n’en a pas moins suivi Wilson, qui s’est applaudi

  1. Belle place de Londres, dont le centre est un Jardin.