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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/222

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Histoire

Mais la jeune Sœur, étant demeurée près de moi, répondit à toutes mes questions avec de grandes apparences de franchise & de pitié. Après m’avoir dit qu’elle s’étonnoit de me voir refuser un homme aussi riche & d’aussi bonne mine que Sir Hargrave, elle ajouta que j’étois dans une Maison où l’on avoit la bonne renommée fort à cœur ; que sa Mere ne feroit pas une mauvaise action pour toutes les richesses du monde, & qu’elle avoit un Frere à la Douane, qui étoit un des plus honnêtes Officiers de cette Profession. Elle avoua qu’elle connoissoit le nouveau Valet que j’avois pris à mon service : & louant beaucoup sa fidélité pour tous les Maîtres qu’il avoit eus avant moi, comme si tout le mérite d’un Domestique consistoit dans une obéissance aveugle. M. Wilson, me dit-elle, étoit un homme fort agréable, qui étoit en état de bien gagner sa vie, & propre à faire quelque jour un excellent Mari. Je reconnus bientôt que la petite innocente étoit amoureuse de cet infâme Hypocrite. Elle prit ardemment sa défense. Elle m’assura que c’étoit un honnête homme, & que s’il avoit jamais fait quelque chose de mal, c’étoit par l’ordre de ceux qui le payoient pour leur obéir. Ils en répondent, ajouta-t-elle ; vous le savez bien, Mademoiselle.

Nous fûmes interrompues, lorsque j’espérois tirer d’autres lumieres, car je crois avoir découvert que ce Wilson est ici le