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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/224

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Histoire

tinueroit de parler. Mais il n’ajouta rien. Il changea seulement de posture, & ce fut pour reprendre aussi-tôt la même.

Les Femmes de cette Maison, Monsieur, paroissent d’honnêtes gens. Je me flatte que votre dessein n’a été que de m’effrayer. M’avoir amenée dans un lieu honorable, c’est une preuve qu’il n’est rien entré dans vos vues…

Il m’interrompit encore par un violent soupir. Je crus qu’il m’alloit répondre… mais il fit une grimace, il secoua la tête, & ce fut pour la baisser encore sur sa main.

Je vous pardonne, Monsieur, tout ce que vous m’avez fait souffrir. Mes amis me touchent beaucoup plus… À la pointe du jour, que je ne crois pas éloignée, je prierai les Dames de faire savoir à Mr Reves…

Il se leva ici brusquement. Miss Byron ! me dit-il, vous êtes une femme, une véritable femme. Il s’arrêta un moment, en portant le poing au front. Je ne savois à quoi je devois m’attendre. Miss Byron, reprit-il, vous êtes la plus fieffée Comédienne que j’aie vue de ma vie. Je n’ignorois pas néanmoins, ajouta-t-il, que la meilleure de votre sexe peut s’évanouir, perdre connoissance, quand elle le juge à propos.

Cette cruelle ironie me fit trembler. Il continua : stupide, insensé, ridicule dupe que je suis ! Je mériterois le feu, pour ma folle crédulité ! Mais je vous déclare, Miss Byron… Il me regarda d’un œil égaré ; &