Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/28

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de ne pas admirer son ame plus que sa figure. Quel triomphe pour Satan, ai-je souvent pensé, en considérant ses perfections, sur tout à l’Église, s’il pouvoit rendre un homme capable de ravaler cet Ange, au rang des femmes ! Pardon, Madame, souvenez-vous que j’ai la mauvaise habitude d’exprimer librement toutes mes folles idées.

La bonté du naturel se répand sur les traits les plus communs. Quel doit être son effet sur un beau visage ! Jamais femme ne fut d’un meilleur naturel que Miss Byron. C’est une qualité qu’on attribue à tout votre sexe, depuis l’âge de seize ans jusqu’à vingt, c’est-à-dire, pendant le régne des desirs & des sentimens ; mais elle est remarquable dans Miss Byron. On ne lui donneroit pas plus de dix-sept ans, quoiqu’elle en ait presque vingt. Sa beauté, qui ne fait que s’épanouir, durera plus long-tems que si elle avoit été plutôt dans sa fleur. Cependant un air de prudence, qui frappe dans son aspect, lui a donné, dès l’âge de douze ans, une véritable distinction, qui annonçoit ce qu’elle devoit être dans un âge plus avancé. Aussi cette beauté dominante, qui éclate sur son visage & dans toutes ses maniéres, est-elle accompagnée d’une dignité naturelle, dans tout ce qu’elle dit & tout ce qu’elle fait, qui malgré le mélange d’une aimable franchise, à laquelle on reconnoît la supériorité de son ame sur celles de la plûpart des autres fem-