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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/288

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Histoire

un combat singulier, doit avoir commencé par défier son Dieu. A-t-il d’autre espoir que d’être un Meurtrier, & de causer un tort irréparable à toute une famille innocente ? Mais puisque vous m’avez conduit si loin, par l’étrange Lettre que vous m’avez fait lire, je vous communiquerai aussi celle de Sir Hargrave : la voici.

« Je loue, Monsieur, la générosité qui vous a fait laisser votre nom. Mes coquins étoient trop loin de leur Maître, pour remarquer, aux apparences ordinaires, qui pouvoit être l’Ennemi qui attaquoit sur le grand chemin un homme innocent ; innocent du moins par rapport à vous. Il est évident que vous vous êtes attendu à recevoir de mes nouvelles ; & vous en auriez eu plutôt, si les effets de la cruelle surprise dont vous avez sçu tirer avantage ne m’avoient ôté jusqu’aujourd’hui la liberté de quitter ma chambre. Je demande de vous la satisfaction due à un homme d’honneur. Choisissez le tems, pourvu qu’il n’aille pas plus loin que Mercredi prochain. Ce délai doit suffire pour arranger vos affaires ; mais le plutôt sera le mieux. Le lieu, s’il vous convient, sera les Carrieres de Kensington. J’aurai deux Pistolets, dont je vous laisserai le choix, si vous n’aimez mieux me prêter un des vôtres. Le soin du reste peut être confié à mon ami, M. Bagenhall, qui veut bien prendre la