LETTRE XXVIII.
la Comtesse Douairiere de D…, à Mme Selby.
Permettez, Madame, que sans vous être connue personnellement, je m’adresse à vous pour une affaire de quelque importance, & que je vous demande en même tems le secret, jusqu’à ma premiere Lettre, à l’égard même de M. Selby & de la jeune personne dont il est question. Personne de ma famille, sans excepter le Comte de D…, mon Fils, n’est informée de mes vues, & n’en aura la moindre connoissance, avant que vous les ayez approuvées.
Mon Fils est entré depuis peu dans sa vingt-cinquième année. Il y a peu de jeunes gens, dans la haute Noblesse, à qui l’on puisse attribuer de meilleures qualités. Sa minorité m’a donné le pouvoir, lorsqu’il est entré en âge, de le mettre en possession d’un bien fort noble & fort clair, qu’il n’a point altéré depuis qu’il vit dans l’indépendance. Il n’y a rien à lui reprocher pour la figure. On lui accorde du savoir & du jugement. Sa conduite l’a fait respecter dans ses voyages. Vous pouvez prendre là-dessus toutes les informations qui conviennent à la prudence.