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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/350

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Histoire

Sir Ch. Apprenez, Monsieur, que celui qui entreprendroit de m’insulter pourroit le faire, sinon avec impunité, du moins avec d’autant plus de sûreté, qu’il pourroit compter que je ne le tuerois pas s’il m’étoit possible de l’éviter. Je sais badiner avec mes armes, Monsieur ; c’est un mérite que j’ose m’attribuer ; mais je ne me ferai jamais un badinage de la vie d’un homme, ni de la mienne.

Sir Harg. Au diable votre sang-froid, Monsieur. Je ne puis soutenir…

Sir Ch. Parlez mieux de ce qui fait votre sûreté, Sir Hargrave.

M. Jordan. Au fond, Sir Charles, voilà des airs de supériorité que je ne pourrois supporter.

Sir Ch. C’est plus que des airs, M. Jordan. Celui qui est capable de vouloir justifier une violence par une autre, donne sur soi une supériorité réelle… Que Sir Hargrave reconnoisse sa faute : Je lui en ouvre la voie par les moyens les plus honorables qu’il puisse desirer après l’avoir commise, & je lui offre ma main.

Sir Harg. Damnable insulte ! Quoi ! Je m’entendrai reprocher des fautes par celui qui m’a fait sauter les dents sans la moindre provocation, & qui m’a mis dans un état… Vous êtes témoins, messieurs… Et vous me demandez de la patience !

Sir Ch. Mon dessein n’a pas été de vous causer aucun des maux dont vous vous