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Histoire
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inutile. Pourquoi donc ? m’a-t-elle demandé. Savez-vous que son Fils a douze mille livres sterling de rente ? C’est ce qui me touche peu, ai-je répondu. Je n’y conçois rien, a-t-elle repris ; & comptant sur ses doigts les noms d’Orme, de Fenwick, de Greville, de Fouler, de Sir Hargrave & de Mylord D…, si j’ai bien compté, c’est déja six ; & l’heureux homme n’est pas du nombre ! Que signifie ce dégoût ? Prenez-y garde ; l’Orgueil a ses chûtes.

Dites-moi, chere Lucie, ce qu’elle peut avoir entendu par-là. Je me flatte que les Sœurs de Sir Charles Grandisson ne me prennent point… Mais peut-être a-t-elle parlé sans réflexion.

Vous me croyez donc de l’orgueil ? ai-je répliqué, d’un air grave & froid, comme M. & Mme Reves m’ont dit ensuite qu’ils l’avoient observé. Si vous en avez ! m’a-t-elle dit ; oui, oui, c’est de l’orgueil, ou quelque chose de pis.

Je vous demande encore, ma chere, ce que cette Badine a voulu dire ici… & ce que j’ai voulu dire moi-même, car j’avois les larmes aux yeux. J’ai senti, dans ce moment, mes esprits fort abattus.

Cependant j’ai demandé aux deux Sœurs si la Comtesse étoit de leur connoissance. Mylady L… m’a répondu qu’elle la connoissoit depuis long-tems, & m’a fait une peinture fort avantageuse de son caractere. Elle m’a fait aussi celle de Mylord D…,